Sébastien Wojda – Animateur chez DreamWorks Animation


3DVF – DreamWorks Animation a mis en place un nouvel outil d’animation sur Dragons 2, Premo, dont nous ont déjà parlé Dean DeBlois (réalisateur et scénariste du film) et Simon Otto (Head of Character Animation). Qu’est-ce que cela a changé dans ton quotidien d’animateur ?

 

Sébastien Wojda : Par rapport à Emo, notre ancien outil, Premo est beaucoup plus rapide et instinctif. Là où il fallait lancer un calcul de la scène et attendre de longues minutes pour visualiser son animation avec des modèles en basse qualité, on peut maintenant voir son animation avec des modèles en haute définition instantanément ; ça change la vie ! Ça laisse aussi du temps pour expérimenter. On dispose aussi d’un écran de 30 pouces et d’une cintiq de 22 pouces ;  on peut donc aussi utiliser le stylet, ce qui pousse l’interaction encore plus loin. C’est un workflow vraiment très agréable pour travailler.



La transition s’est passée assez facilement, car la base restant celle de Emo, la façon de travailler les courbes reste la même. Il a juste fallu apprendre à utiliser les nouvelles fonctionnalités, et une semaine de training suffit pour s’y faire.

 


Ça fait 6 mois que j’ai commencé à travailler sur Premo et je continue à peaufiner mon workflow dessus. Je pense que c’est l’un des meilleurs outils qu’il existe pour faire de l’animation. L’une de ses nouveautés concerne la façon de travailler l’animation faciale, on peut directement sculpter le modèle. C’est ainsi beaucoup plus instinctif et interactif ; avec Emo, il fallait entrer des valeurs pour animer, ce qui devient vite laborieux.
Maintenant que l’on peut animer sur des modèles de bonne qualité, on peut détailler l’animation plus facilement et plus rapidement, c’est donc un gain de qualité en plus d’un gain  de temps. Je ne sais pas exactement combien de temps je gagne sur un plan par rapport à l’ancien logiciel, mais je peux clairement sentir la différence, surtout sur l’exécution.

 

Cependant, le temps que demande la réflexion sur l’idée d’un plan reste le même. 

 

Avec l’arrivée de ce nouvel outil, les quotas d’animation ont également augmenté, lorsqu’on était sur Emo il fallait faire au moins 5 pieds par semaine, 1 pied est égal à 16 images, donc un peu plus de 3 secondes par semaine.

 


Maintenant on doit faire au moins 7 pieds, soit 4,5 secondes, mais même si les quotas sont plus importants, grâce à Premo on peut pousser la qualité de son animation plus loin et plus facilement.




3DVF –  Tu as eu l’occasion de travailler avec Simon Otto (Head of Character Animation) que nous avons déjà eu l’occasion de rencontrer et d’interviewer. Comment s’est passée ta collaboration avec lui ?

 

Sébastien Wojda :  Je suis vraiment content d’avoir pu travailler avec Simon dont j’admire le travail. Comme il parle français, c’était très facile de communiquer ensemble.

 


En tant que « Hoca », son rôle c’est de faire en sorte que toute l’animation du film soit homogène, donc en plus de faire valider mes plans par mon superviseur je dois aussi les montrer à mon hoca avant de les présenter au réalisateur.

Il a un excellent œil pour pointer le moindre problème du doigt et il est très exigeant ; je pense que c’est d’ailleurs pour ça que la qualité du film est ce qu’elle est.



3DVF – Au final, quelle expérience tires-tu de ce projet ?

 

Sébastien Wojda : Avoir participé à un film de cette envergure, très attendu par les fans, et être entouré par une équipe très expérimentée, ça encourage à se donner à fond ! Je suis fier du résultat et d’avoir pu en faire partit ; le film est excellent, et ça fait plaisir de se dire que t’as travaillé sur Dragon 🙂




 


3DVF – Profitons-en aussi pour évoquer ton expérience sur tes précédents projets, M. Peabody et Sherman et Madagascar 3: Bons baisers d’Europe…

 

Sébastien Wojda : En Inde, j’ai pu travailler sur Puss in Boots et sur Madagascar 3. L’expérience sur Puss in Boots a été courte, le studio testait alors le département Indien. Mais ça a été ma première véritable expérience sur un long métrage américain, et on pouvait déjà sentir que le niveau d’exigence était vraiment élevé ; c’est à ce moment que j’ai vraiment commencé à me filmer pour faire mes propres références, afin d’obtenir plus de détails dans mes animations.


On a ensuite eu des séquences à faire pour Madagascar 3. J’ai adoré travailler sur ce film, les personnages et le ton du film permettaient de faire des animations amusantes. Ce film m’a notamment servi à construire une démo un peu plus solide pour ensuite être embauché à Glendale.

En arrivant à Glendale, j’ai commencé à travailler sur un projet qui s’appelait Me and my shadow, malheureusement, après un an de production il a été mis en stand-by. Il mélangeait animation 3D et 2D, les ombres des personnages étaient animées en 2d ; c’est vraiment dommage, car le film était vraiment joli, le mélange des deux techniques fonctionnait très bien. Je ne peux donc toujours rien montrer de mon travail sur ce film ; voir un an de travail mis de côté c’est assez frustrant et ça fait mal au cœur, mais ça arrive souvent dans les gros studios…


Après Shadows, je suis passé sur Peabody et Sherman. Sur ce film, il y a eu des changements sur beaucoup de séquences et ce jusqu’à la fin du film ; du coup j’ai souvent dû recommencer de nombreux plans, ce qui peut vite devenir épuisant ; mais c’est souvent comme ça que ça se passe. Ensuite, j’ai enchainé avec une formation sur Premo et j’ai pu commencer sur Dragons 2.



Toutes les images de cette page sont sous copyright DreamWorks Animation

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