Interview avec Hugo Cierzniak , réalisateur du court-métrage Dip N Dance



3DVF – Peux-tu nous parler de l’équipe et de la répartition entre les différents postes ?


Hugo Cierzniak : L’équipe qui travaillait sur le film à plein temps au studio se composait de 5 à 6 personnes. Je tiens à signaler que certains graphistes ont apporté leur contribution au film sur certains départements en travaillant à distance. Pour la répartition entre les différents postes, vu qu’on était très peu, on a tous porté plusieurs casquettes, en assurant différents postes sur les différents départements de la chaîne de production, et chacun avait ses petites spécialités. Je vous invite à vous référer au générique, à partir du moment où un nom apparaît plus de deux ou trois fois, c’est que la personne était à plein temps sur le projet.


En juin, j’ai retravaillé suffisamment l’animatique 2D pour qu’elle soit verrouillée afin de pouvoir entamer la production début juillet. J’ai organisé le pipeline, les plannings et je me suis chargé du recrutement, tandis que le premier graphiste recruté, Kevin Hermans, travaillait sur le développement visuel de la salle de bains et des accessoires.  En parallèle, Mathieu Navarro venait de livrer la modélisation du personnage et Cédric Nicolas s’occupait du rigging pendant les mois de juillet et d’aout, la production a battu son plein. Modélisation de la salle de bains low def, modélisation accessoire et rigging, color script, matte painting, animation, Fx 2D, lighting, shading, rendu et début de rotopaint, tout en parallèle.

L’animation s’est bouclée assez rapidement par rapport aux 6 minutes de film qu’il y avait à abattre et je crois me souvenir que fin aout, tous les plans étaient validés. S’en est suivi le rendu, le rotopaint et le compositing. En parallèle, Patrick Martens, le compositeur original, peaufinait les musiques du film, Kass Woyciechowski,  le sound designer, bruitait avec son ami Bertrand Boudaud tous les sons composant l’univers sonore, et courant janvier 2013, on faisait le mixage final pour postuler à Annecy en février.

 

 

3DVF – Tu as aussi pris le parti de lancer une campagne de crowdfunding pour financer le projet ; pourquoi ce choix ?


Comme je l’ai déjà dit, toutes les recherches de fonds et d’aide à la création m’ont été refusées. Il semblerait que la production en France en matière de court-métrage d’animation ne soit pas favorable aux rythmes endiablés, aux couleurs chatoyantes et à l’humour. C’est face à ce constat que je me suis dit qu’en faisant appel au crowdfunding, je pourrais sûrement convaincre le public que ce film valait la peine de voir le jour et que le budget « symbolique » fixé servirait à arrondir un peu les angles côté production.


3DVF – Le financement participatif a fonctionné ; 8380€ récoltés sur 7900 demandés et 135 personnes ont soutenu le projet. Ces résultats correspondent-ils à ce que tu attendais ?


Lorsque je me suis lancé dans la campagne de crowdfunding, je ne m’attendais plus à grand-chose. Après tous les refus essuyés et les déceptions encaissées, pour moi, ce n’était qu’une bouteille de plus jetée à la mer.  J’ai donc été très agréablement surpris de voir que la tirelire se remplissait progressivement, et qu’un public était prêt à soutenir financièrement le projet. Ça met vraiment du baume au cœur d’être soutenu par les proches, les moins proches, et même des inconnus ! De se dire que finalement, des gens croient en vous et veulent vous donner une chance de voir votre projet naître ; ça fait déplacer de montagnes! Ça met aussi une pression supplémentaire parce qu’il y a des comptes à rendre, et que les gens sont en attente du résultat, mais je pense avoir réussi à transformer cette pression en énergie motrice plutôt qu’en stress constant. J’en profite au passage pour remercier une fois plus tous les généreux donateurs qui n’ont pas hésité à soutenir le projet !


3DVF – Avec cette expérience, quels conseils donnerais-tu aux personnes voulant elles aussi financer un court de cette façon ?


Hugo Cierzniak : Le meilleur conseil que je peux donner, c’est de tout miser sur sa vidéo de présentation (voir ci-dessous). En ce qui me concerne, je pense que c’est ce qui m’a sauvé et m’a permis d’atteindre des personnes que je ne connaissais absolument pas.  Ce qui est marrant avec cette vidéo, c’est qu’à la base, c’était juste une animatique destinée à définir les plans que je voulais tourner en live. J’ai montré ça aux producteurs de Delapost pour leur montrer s’ils étaient d’accord avec tout ce qui y apparaissait, et  ça les fait rire. Ce qui était déjà un bon début.



Je leur ai ensuite dit que je voulais faire tourner ça en prise de vues réelles et c’est eux qui m’ont convaincu de le garder en l’état. D’une part, pour faciliter les choses et gagner du temps parce que tourner tout ce qu’il y a dans ce film c’est un sacré boulot, ensuite parce que c’était pertinent d’utiliser l’animation pour expliquer comment produire un film d’animation. Du coup les dessins sont super moches et j’ai dû faire toutes les voix moi-même, mais ça en fait un film authentique et sincère avec un rythme fonctionne, un montage dynamique et un message reçu clairement par les spectateurs du film.


J’ai eu énormément de retours positifs sur le fait que le film soit drôle en plus d’être clair. Après avoir pris 3 minutes pour voir le film, les choses deviennent très claires pour le spectateur, et il comprend le thème du film, la démarche, à quoi va servir l’argent…  

Donc le meilleur conseil que je pourrai donner, c’est de faire un film court (moins de 3 minutes), éventuellement  avec une touche d’humour (sauf si le film à produire n’est pas drôle du tout) et qui explique clairement le projet et la démarche.




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