Accueil » Rédactions » Juste de l’Eau

Juste de l’Eau

Juste de l'Eau

Il y a quelques semaines, Carlos De Carvalho a dévoilé son dernier court : Juste de l’Eau. Atypique et onirique, le film joue avec les couleurs et perspectives. Le réalisateur a bien voulu revenir pour nous sur les origines du projet, en compagnie de Pierric Danjou, le directeur technique.

Nous avons également interrogé Carlos De Carvalho sur le studio/collectif Je Regarde, dont il fait partie et qui a donné vie au projet.

 

 

Juste de l'Eau

 

Bonjour Carlos, pour commencer pouvez-vous vous présenter en quelques lignes, et nous indiquer votre parcours ?

Carlos De Carvalho : Bonjour 3DVF, je suis Carlos De Carvalho et j’ai passé sept années de formation en illustration/graphisme à St Luc Tournai (Belgique) complétées par deux années d’études supérieures en réalisation numérique à Supinfocom Valenciennes.
Après des années d’expérience dans une entreprise audiovisuelle lilloise, j’exerce aujourd’hui en tant qu’indépendant pour de la réalisation, de l’illustration ou du story-board.
Réalisateur et directeur artistique du collectif Je Regarde, je suis un boulimique d’images et je pense me définir comme un spécialiste de la création d’univers.

Comment est né le projet Juste de l’Eau ?

Avant tout, Juste de l’eau aborde une thématique liée à l’histoire du Portugal. Étant un français d’origine portugaise, cela me tenait à cœur de réaliser un film ayant pour cadre le pays d’origine de mes parents. Ce film évoque aussi une histoire douloureuse que j’ai vécue et que j’ai voulue retranscrire à ma façon dans cette notion bien portugaise qu’est la saudade.
La saudade exprime une mélancolie empreinte d’une nostalgie extrême. C’est le sentiment de quelque chose que l’on a aimé dans le passé et que l’on a perdu.

 

Juste de l'Eau

 

Juste de l'Eau

Quelles étaient vos ressources, en termes de temps et de nombre d’artistes impliqués ?

Il m’a fallu un mois et demi de pré-production pour donner l’orientation du projet. Ensuite, une équipe de cinq personnes est arrivée pour une production qui a duré trois mois. Pendant cette période, je m’occupais de la supervision générale tout en travaillant sur les illustrations définitives. Je m’occupais aussi de l’éclairage, du rendu et de la post-production finale. Pierric Danjou était lui en charge de la direction technique et de la supervision de l’animation. Thomas Lecourt s’est chargé quant à lui exclusivement de l’animation. Le reste de l’équipe était constitué de trois étudiants venant de l’école « Pôle 3D » de Roubaix. Ils ont travaillé essentiellement sur l’animation, la modélisation et un peu de texturing. Nous avons commencé mi-Juin pour finir le film à la mi-Septembre 2014.

L’univers visuel du court est atypique, avec une déformation de la perspective qui évoque les travaux d’Escher. Pourquoi ce choix ?

J’ai toujours aimé jouer avec les perspectives, cela me donne cette sensation d’amplifier mon décor et de lui donner une vraie présence. Les décors sont là, on ne peut pas les manquer; la ville est un personnage à part entière.
Ces déformations faites de lignes droites accentuent aussi à mon sens le mal-être du jeune cochon qui est en opposition avec ses rondeurs. Ce Lisbonne à l’architecture chaotique est aussi à l’image de mes souvenirs, c’est parfois très confus, mal organisé. Cette ville est en quelque sorte sur le point de tomber et confirme mon idée de saudade, c’est un souvenir de l’âge d’or du Portugal qui est désormais révolu.

Juste de l'Eau
Juste de l'Eau

 

En pratique, comment ont été créés les différents décors ?

Tous les décors sont réalisés en illustration 2D, je commence par des croquis que je scanne et que je colorise ensuite sur Photoshop.

Les décors ont été réalisés avec comme objectif de réussir le mélange 2D/3D. Pour cela, je devais donner l’illusion que les décors étaient réalisés en 3D et que nos personnages pouvaient y circuler de façon naturelle malgré le parti pris des perspectives irréelles, voire naïves.

En pratique, les croquis sont réalisés en ayant une bonne notion de la perspective classique, à mon sens il faut connaître les bases pour s’éloigner de cette logique et en faire une bonne interprétation personnelle. Il en va de même pour l’orientation de la lumière et des ombres. Une fois le résultat obtenu, je devais appliquer sur les illustrations de légers dégradés sur la surface des murs et des intersections afin de simuler une légère occlusion. Ce petit principe apporte une douceur aux images, les rend moins brutes et permet une meilleure intégration.

Malgré le mélange de 2D et 3D, le rendu 3D non photoréaliste et le travail de compositing mêlent parfaitement les deux univers. Ce résultat a-t-il été délicat à obtenir ? Saviez-vous dès le départ le  » look  » que vous désiriez ?

Ce résultat ne fut pas compliqué à obtenir. Il m’est venu naturellement car je développe ce style illustratif depuis un bon petit moment.
Le look général du film a été inspiré par quelques illustrations que j’avais réalisées il y a plusieurs années et que j’ai voulues approfondir. Il n’y a donc pas eu trop de recherches préliminaires et j’étais plutôt dans l’esprit du one shot. Je n’avais pas beaucoup de temps. J’ai dû m’adapter et c’est tant mieux !
Concernant ma méthode de travail, je fais toujours en sorte de simplifier mon workflow. Par exemple, je privilégie un compositing simple et j’évite de calculer trop de pass (4-5 maximum). Cela me permet d’être plus intuitif et d’avoir un meilleur contrôle sur les couleurs sans perdre trop de temps.
Projet après projet, je me rends compte que je continue de simplifier mes méthodes de travail. Notre équipe étant sur place, je pouvais me permettre de supprimer des étapes de fabrication comme l’animatique 3D ou le développement de la bible graphique.
Finalement, j’aime assez cette façon de travailler. Il y a pas mal d’énergie à déployer et quelques nuits blanches à passer, mais le résultat global est satisfaisant pour moi.

Juste de l'Eau
Chargement....

A Lire également