Making-of Knightworks – La Danza de la Realidad de Jodorowsky :


3DVF – On peut imaginer que ces demandes changeantes ont impacté votre budget et votre planning ?

 


Knightworks : En effet, cela a vraiment été compliqué. Il nous a fallu faire des concessions, car on aurait aimé placer la barre plus haute. Mais objectivement, vu les contraintes, le temps (7 mois) et le budget, nous avons réalisé un bon compromis.


On a d’ailleurs eu une réunion avec Jodorowsky en lui montrant un plan sur lequel on avait supprimé un technicien et recréé le décor, il ne comprenait même pas pourquoi on lui montrait la scène : le plan étant nettoyé, il ne réalisait pas qu’il y avait eu une modification de la scène!
Au final, nous sommes satisfaits du travail accompli. C’était formidable que notre premier projet de long nous permette de travailler avec un artiste aussi mythique. On a réussi à tenir le budget, et nous n’avons donc pas perdu d’argent, sans avoir à mettre en danger la boîte, alors que certains studios peuvent avoir tendance à prendre ce risque pour un premier projet.


On tient d’ailleurs à saluer et remercier tous les artistes qui ont travaillé avec nous sur ce projet, ils ont vraiment fait un travail fantastique, sans ménager leurs efforts et avec une grande générosité au quotidien !

 

 

3DVF – Avez-vous cependant quelques regrets ?

 

Knightworks : Disons qu’il y a du travail qui aurait pu être évité si nous avions eu un superviseur lors du tournage : ne pas avoir un technicien dans le champ, c’est beaucoup plus facile à régler en étant sur le plateau. Être davantage sollicité en préprod aurait clairement été préférable : avoir quelqu’un sur place pour cadrer davantage les choses.


Pour les mouettes, il aurait été préférable de savoir plus tôt qu’il fallait des plans serrés. Les délais ont fait que leurs plumes ne sont finalement que des textures. Nous aurions pu utiliser hairfarm si on avait eu un peu plus de temps.
D’un point de vue global, avoir davantage de temps et de moyens, nous aurait permis de pousser plus loin notre travail, mais c’est probablement le regret que partagent pas mal de studios sur ce type de projets.

 

 

3DVF – Vous avez précisé plus haut que le studio utilise en parallèle After Effects et désormais Nuke : quels sont pour vous les avantages et inconvénients de ces deux outils ?



Knightworks : Comme cité plus haut, nous laissons habituellement le choix à nos graphistes, sauf si le poste Nuke est déjà occupé. Parlons plutôt des avantages pour mieux comparer ces deux logiciels. After Effects est très facile d’utilisation et permet très rapidement d’avoir un résultat satisfaisant avec peu de calques. Nuke favorise l’optimisation puisque l’on va créer uniquement les nœuds dont on a besoin. Mais il a un avantage simple qui marque la différence auprès d’After Effects ; Nuke peut charger plusieurs passes de manières beaucoup plus rapidement et plus facilement que ne le fait son concurrent. C’est très pratique pour les productions où l’on rend plusieurs passes de compositing. Il y a également des plugs in intéressant pour la stéréoscopie sous Nuke. Permettant par exemple de faire du restore sur les deux vues en simultané.

 

3DVF – Pourquoi avoir fait appel à Progiss pour vous équiper en matériel et en logiciels ; quel est votre retour sur cette collaboration ?

 

Knightworks :  Nous étions avant tout des internautes fidèles au site de 3DVF depuis des années. Aujourd’hui, étant devenu des entrepreneurs, c’est un plaisir pour nous de devenir des collaborateurs voir des partenaires avec l’équipe Progiss / 3DVF. La collaboration est très familiale, disons qu’on nous a offert des coupes de champagne après avoir laissé notre matériel chez vous plus de … 8 mois ? Merci beaucoup à toute l’équipe ! Nous apprécions également vos interventions sur différents logiciels lors du MIFA à Annecy.  Ça fait 2 années consécutives où l’on a pu en savoir plus sur certains softs.



 

3DVF – Sur quels autres projets avez-vous travaillé récemment ?

 

Knightworks : Concernant notre département de production, pour continuer sur la lignée Jodorowsky, nous avons récemment coproduit et fait la postproduction d’un court métrage du nom de « Voice Thief », ce film a été primé lors de sa première à l’Etrange Festival. Nous avons eu le prix du public, et le grand prix Canal+. Aujourd’hui le film poursuit son roadshow sur d’autres festivals, à commencer par Clermont-Ferrand.
Nous sommes également en train de développer 2 pilotes de série TV. Un en prise de vue réelle, qui ne nécessite pratiquement pas de VFX et un en animation. Parallèlement, le chantier de la préproduction d’un long-métrage d’animation appelé « Pirates & Sorcières » est en cours de développement depuis le mois de juin.

 

Côté Studio, nous venons de terminer une pub full CGI pour le Benelux. Nous avons aussi deux autres projets en cours, l’un qui consiste plutôt à faire du keying et du matte en masse pour une émission de TV, et l’autre est constitué d’animations en full CGI sur des grosses résolutions pour de l’évènementiel.



 

3DVF – Pour terminer, quelle est votre vision actuelle du marché, en France et à l’étranger ?

 

Knightworks :  Le marché français est assez difficile. Nous nous sommes créés au bon moment. Pendant la crise en 2009. Nous avions des prix très compétitifs qui ont pu séduire les agences et les annonceurs. Aujourd’hui en grandissant, il ne suffit plus de compter que sur le marché français. Par exemple, en matière d’effets spéciaux, de plus en plus de postproduction se fait à Bruxelles. La raison est simple, un crédit d’impôt très attrayant.

 

Nous ne sommes pas encore assez gros pour ouvrir une antenne à Bruxelles ou ailleurs, nous devons donc être créatifs et trouver des moyens de continuer à prendre des parts du marché tout en maitrisant notre croissance. Nous avons beaucoup voyagé sur différents marchés internationaux pour bâtir notre notoriété et rencontrer des nouveaux collaborateurs. Nous avons donc pris l’initiative de créer un fond d’aide à la postproduction, afin de continuer à produire des projets dans l’hexagone.

 

La France a une excellente réputation à l’étranger en termes de qualité d’image, mais elle a aussi la réputation d’être chère. Ce qui ne nous empêche pas aujourd’hui d’avoir une grosse partie de notre chiffre d’affaires qui vient de l’étranger. Il y a beaucoup de choses à faire pour les pays en développement tels que le Brésil, la Chine, l’Asie du Sud-est, l’Afrique du Sud. Et ils ont des talents qui d’année en année ont un savoir-faire qui se confirme. La concurrence est finalement omniprésente.



3DVF – Merci à toute l’équipe d’avoir pris le temps de partager votre expérience ; on espère vous retrouver très bientôt pour parler de vos futurs projets !

 

  Pour en savoir plus sur Knighworks, rendez-vous sur leur site :
https://www.knightworks.fr/

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