Making-of Knightworks – La Danza de la Realidad de Jodorowsky :



3DVF – Pouvez-vous nous en dire plus de la simulation des oiseaux ?

 

Knightworks : Au départ, il ne s’agissait que de quelques mouettes, 5 ou 7, attaquant l’enfant. Au final, nous en avons créé des milliers. Un défi énorme puisque le tournage n’a pas été prévu pour ça, les trackings de certains plans ont été assez compliqué.


Dans le scénario, les oiseaux devaient être vus de loin et devaient au maximum faire 1/10ème de l’image. Or au final, il y a des close-ups, ou du moins des plans rapprochés qui font que les setups et les shaders n’étaient plus du tout optimisés. La préprod que l’on avait faite en s’appuyant sur le story-board était largement insuffisante.





A noter aussi, comme Jodorowsky vient de la BD et qu’il aime décortiquer image par image les plans, il ne comprenait pas le motion blur, pour lui les ailes ne devaient pas être « transparentes » quand les oiseaux battaient des ailes. On a été obligés de supprimer le motion blur pour lui montrer que ça ne marchait pas et d’ailleurs la version finale comporte un motion blur que nous aurions aimé plus fort…


Pour animer les mouettes, il a fallu créer une banque d’animation qui comporte à peu près 200 attitudes différentes. Des mouettes qui se battent entre elles, qui mangent un poisson, qui atterrissent, etc. Le but était d’éviter d’avoir de la répétition. Et de donner vie à ces nombreuses mouettes.



Il y avait donc des mouettes « figurantes » (en vol, de loin ; il s’agissait de particules), des mouettes d’arrière-plan qui s’appuyaient sur cette banque, et des mouettes « héroïnes » animées plan par plan, comme celles qui attaquent l’enfant.
L’animation à été faite par 4 animateurs, de même que le placement (pas d’outil spécifique de simulation de foule). Les plans ont été rendus en 3 ou 4 couches de façon à faciliter le compositing. Max, After Effects et NUKE ont été employés. La roto de l’enfant a été faite sous NUKE (le keying était costaud, à cause des couleurs trop proches). En fait l’utilisation de NUKE et/ou After était tranchée au plan, selon les besoins et les compétences des artistes. On retrouve donc l’idée de pipeline flexible déjà évoquée.


Pour le rendu, nous avons utilisé V-Ray et deux omnis: une qui représente le soleil et une en bas pour la lumière renvoyée par le sol. On utilise souvent cette approche, faire le plus simple possible si cela suffit à nos besoins, d’autant plus que l’absence de GI permet d’avoir des rendus très rapides, moins de 10 minutes par frame. Dans le studio, il est rare que l’on dépasse les 15-20 minutes par frame, quel que soit le projet.



En ce qui concerne les références pour les oiseaux, on a utilisé de très, très nombreuses vidéos trouvées en ligne. L’idée était vraiment d’aller vers le réalisme, sauf pour les mouettes du premier plan qui ont évidemment un comportement atypique.  Car il faut tout de même souligner que Jodorowsky ne cherchait pas forcément un réalisme parfait, mais plutôt à recréer une scène de son passé. Et si le nombre de mouettes n’est pas crédible, ça reste conforme à ce qu’il a ressenti étant enfant, une armée de mouettes.



3DVF – Comment avez-vous géré les collisions entre les mouettes ?



Knightworks :  Pour chaque mouette, il y a une box qui représente sa « zone d’encombrement ». Elles servaient d’outil visuel pour vérifier rapidement, à l’œil, qu’il n’y avait pas de collision. C’était donc un outil artisanal, mais qui a suffi à nos besoins et à éviter de passer du temps sur un script d’évitement de collisions.

 

 

3DVF – Quels ont été les autres effets dont vous vous êtes chargés ?


Knightworks :  Une étoile cousue sur un costume prend vie sur un plan. L’enfant se déplace, il a donc fallu stabiliser le plan sous After, en prenant un bouton du costume en référence qui devient donc fixe dans After. Nous avons ensuite placé l’étoile au début de la séquence, vérifié qu’elle suivait correctement les mouvements du vêtement durant tout le plan.


Ensuite une plaque 3D a été créée, qui suit approximativement la forme du torse de l’enfant. Cette plaque sert de base pour que l’étoile puisse bouger et s’animer.
L’étoile se déplace ensuite sur son visage, là aussi il a fallu déconstruire le plan pour le reconstruire, bloquer les mouvements de caméra en restabilisant la tête, en s’aidant d’éléments comme le nez ou le casque de pompier pour le tracking. Bloquer les mouvements de caméra, faire une roto 3D, puis en faire un track 2D pour stabiliser et ajouter l’animation, puis à nouveau déstabiliser pour retrouver le mouvement d’origine.


Jodorowsky a hésité pour le choix du type d’animation : araignée, poulpe, ver… Il a fallu faire 3 ou 4 essais avant d’arriver à un mode de déplacement qui lui convenait.
Nous avons aussi recréé des wagons suspendus et leurs rails dans une usine désaffectée.


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