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3DVF : Quelles sont les difficultés supplémentaires à gérer en projection mapping par rapport à un projet d’animation classique ? En particulier, comment vous adaptez-vous au relief et à l’architecture du support ?

b71 : Tout d’abord la durée. C’est d’office plus long qu’une publicité ou quelques plans à truquer. Ce sont également des scènes, des ambiances qui durent plus longtemps. Nos fichiers deviennent vite lourds et le rendu aussi. Nous devons donc adapter et optimiser un maximum notre travail.
    Notre méthode actuelle est d’estimer le placement des projecteurs et de faire une vidéo par projecteur, ce qui démultiplie les rendus.

Ceux-ci sont alors correctement adaptés au relief par un logiciel que Pierre Audrit a développé par des méthodes de corner pinning et de grid warp. À l’avenir, nous aimerions y intégrer un seul rendu projeté sur un modèle 3D du support et d’y intégrer des caméras représentant l’emplacement des différents projecteurs.

    Nous devons également faire attention à la matière de l’objet et plus particulièrement quand c’est un bâtiment. Entre les briques rouges et le rebord en pierre bleue d’une fenêtre, la couleur de l’image et sa précision change. Nous essayons un maximum de compenser ces différences dans la vidéo de base.

3DVF : Pour Namur en Mai 2013, vous avez créé un spot avec étincelles, ville mouvante et un éclairage utilisant des tons chauds. Pouvez-vous revenir sur cette réalisation ? Quels ont été les aspects les plus délicats à gérer ?

b71 : Namur en Mai est un projet particulier car nous avons une véritable relation de création avec ce festival qui nous donne toujours carte blanche pour la réalisation du spot TV. Ce festival des Arts Forains fait subir à la ville de Namur une vraie métamorphose et comme dans le spot de 2012, nous avons voulu montrer cette transformation.
    Un point essentiel est la mise en scène du personnage emblématique de Namur en Mai. Il fut créé par Aurélien Tirtiaux dès la première édition du festival et lui reste fidèle depuis 18 ans. C’est avec son aide que nous avons transformé ses illustrations en personnage 3D. Aurélien est même maintenant devenu un vrai ami et un partenaire de projet pour b71.
    L’idée du camion, des étincelles, de la ville mouvante est le fruit de tous les membres de b71. Pour chacun des projets, nous mettons un point d’honneur à faire participer toutes les personnes qui ont envie de créer l’histoire et d’y amener leur touche. Il y a toujours plus d’idées dans deux têtes que dans une, alors je ne vous raconte pas les histoires que nous créons à dix ! Une fois les idées principales sélectionnées, nous travaillons pour les mettre en scène et sortir toutes les ressources nécessaires à la pré-production.
    L’aspect le plus délicat était surtout de devoir gérer ce projet en parallèle avec d’autres, de répondre à la demande des différents clients et de passer d’un projet à un autre selon les nécessités. Mis à part ça, nous avions décidé d’utiliser essentiellement des techniques que nous maîtrisons sur ce projet.

3DVF : Vous avez créé le spot du Printemps des Sciences 2013, avec plusieurs déclinaisons régionales. L’animation comporte des comportements physiques : bille qui roule, chute de dominos (en ligne et sur une représentation de l’Antarctique)… Comment avez-vous abordé l’animation ?

b71 : Nous devions présenter les sciences d’une façon intuitive, plus comme un jeu. C’est pour cela que nous avons eu l’idée de faire un parcours de réactions en chaîne comme on pourrait le faire chez soi. Nous devions passer de la physique aux mathématiques, biologie, géographie,… le tout en 20 sec et en restant cohérent et juste avec la réalité.
    Au début du projet, nous avions pensé utiliser énormément de simulations physiques mais en définitive, par gain de temps, seuls les dominos le sont ainsi que la bille qui touchent le mobile de molécule d’eau. Les billes du début sont animées en fonction d’une vidéo. Le boulier, les mobiles et le tremplin avec la pyrite sont animés à la main afin d’obtenir un mouvement précis. Après quelques tests de simulation avec les dominos, nous avons rapidement déterminé leur taille et l’espace requis entre eux.

Nous avons alors dessiné l’Antarctique avec des splines, disposé les dominos le long d’elles et lancé la simulation. 3.000 dominos en 400 frames qui ont été accélérées au montage pour avoir le bon timing.

3DVF : Vous travaillez actuellement sur un court post-apocalyptique. Pouvez-vous nous présenter le projet, et les effets sur lesquels vous avez travaillé ?

b71 : Ce court-métrage est réalisé par Fabien Dufils. Il se déroule dans un futur post-apocalyptique ou la course à l’énergie a semé le chaos. Un groupe de soldats spéciaux protège le seul espoir de quitter ce monde, une petite fille capable d’ouvrir un portail vers un monde meilleur. C’est leur dernier combat avant de quitter la Terre.
    Fabien nous a sollicités pour la création de nuées de corbeaux qui sont les compagnons des antagonistes de l’histoire.

Nous avons choisi de les contrôler en particules et nous avons donc fait plusieurs cycles de vol pour les intégrer. Le plumage est tout simplement une map en alpha. Nous devions également nous occuper du chef des corbeaux, dans un style  » Mad Max  » avec des cicatrices et des armures. Nous avons alors fait un objet highdef en sculpting et avons ajouté les plumes via un système de fur. Beaucoup de plans étaient réalisés en slow-motion ce qui ne fut pas facile à animer mais nous avons relevé le défi.
    Nous avons fait le compositing de l’essentiel des plans avec le chef de la nuée, les nuées en elles-mêmes étant post-produites dans un autre studio.

3DVF : Pour ce projet, vous collaborez avec d’autres artistes issus de plusieurs studios en Europe et aux USA. Comment s’est passée l’organisation ?
Comment avez-vous géré les problèmes éventuels survenus à cause de cet éloignement géographique ?

b71 : Beaucoup de studios et d’artistes issus de ces studios ont travaillé sur ce projet : 8vfx, Mikros Image, The Mill New York, Reepost,… Chacun s’occupait d’une séquence de plans, d’effets bien précis, des mattes painting,… L’organisation s’est très bien déroulée grâce à une pré-production claire : chacun savait ce qu’il devait faire et chaque plan était décrit précisément. Comme nous l’avons dit plus haut, une bonne pré-production résout beaucoup de problèmes. La plupart du temps, de simples échanges mails suffisaient pour communiquer et demander à chacun les ressources nécessaires.  Sinon, un petit coup de fil et tout était ok.

    Ce fut vraiment une bonne expérience de pouvoir travailler avec d’aussi bons et prestigieux studios et de pouvoir collaborer à la création d’un court-métrage de science-fiction.

3DVF : Comment voyez-vous l’évolution future de b71 ?

b71 : Très positive ! Nous allons avoir nos propres bureaux au mois de septembre et mettons sur pieds plusieurs projets en autoproduction. D’ailleurs, ces projets pourront être ouverts à une plus grande communauté de créateurs et nous n’hésiterons pas à les présenter sur 3DVF.
    Jusqu’à présent, nous n’avons pas encore eu le temps de communiquer sur notre studio ! Tous les projets qui nous ont été confiés se sont faits via le bouche à oreille. Nous prenons maintenant une petite pause d’un mois pour nous reposer un peu et surtout, dans le but de préparer une petite campagne de communication à destination de notre marché. Nous allons également pointer notre tête sur divers salons et événements, ce sera l’occasion de nous rencontrer.

Je tiens à remercier toute l’équipe et la communauté de 3DVF. Grâce à vous tous, nous sommes toujours au courant des nouveautés de notre secteur. Merci !

Pour en savoir plus

– Le site du studio b71.