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Clinamen : Hugo Arcier mêle les techniques dans une danse poétique

Hugo Arcier vient de dévoiler Clinamen, une oeuvre atypique qui multiplie les technologies : effets de particules, motion capture, LIDAR ou encore photogrammétrie. Le tout donne un mélange poétique, entre ballet épuré et visite fantomatique de l’Opéra Garnier.

Il s’agit d’un projet réalisé en lien avec de 3e Scène, une plateforme numérique créée par l’Opéra national de Paris en 2015 (la première scène étant le Palais Garnier, la seconde l’Opéra Bastille). La plateforme travaille régulièrement avec des artistes : nous avions par exemple eu l’occasion de vous présenter en 2015 Nephtali, un court animé signé Glen Keane et là encore porté par 3e Scène.

Face à la qualité du projet d’Hugo Arcier, nous avons voulu en savoir plus : nous vous présentons donc aujourd’hui à la fois le projet Clinamen et une interview sur les coulisses de sa création. L’occasion aussi de revenir sur N°130, le studio de Hugo Arcier.

« Révéler la quintessence de la danse et du mouvement, c’est le projet audacieux d’Hugo Arcier, artiste visuel. Grâce au motion capture, il abstrait les corps de trois danseurs sur la scène de l’Opéra Garnier pour ne laisser que le va-et-vient et l’entrelacs des atomes. S’initie alors une danse envoûtante dans les coulisses d’un Opéra futuriste. »

3DVF : Bonjour Hugo, pour commencer, peux-tu te présenter en quelques mots ? Comment te positionnes-tu en tant qu’artiste ?

Hugo Arcier : J’ai travaillé pendant de nombreuses années dans le milieu de la post-production et des VFX en tant qu’artiste 3D et maintenant je me définis plus comme un artiste visuel. Je fais des projets artistiques que j’expose, sous la forme d’installations vidéo ou de projets immersifs. Je fais aussi des commandes au sein de mon studio N°130.

3DVF : Et justement, quelques lignes également sur N°130 ? Quelle est votre philosophie et quelle est la taille de l’équipe ?

N°130 est un studio fondé il y a trois ans et spécialisé dans des projets qui utilisent des nouvelles technologies en particulier des images de synthèse mais avec toujours une dimension artistique comme par exemple pour les expériences immersives d’Arte sur des tableaux (l’ile des morts, Claude Monet l’obsession des Nymphéas).

On travaille aussi pour le spectacle vivant par exemple la pièce Festen ou pour la musique avec des projet audio réactifs faits avec l’Unreal Engine.

Je veux que le studio reste petit car c’est important pour moi de travailler pleinement sur chaque projet, c’est vraiment ce qui m’intéresse. Donc je n’accepte qu’un projet après l’autre, même si bien sûr il peut y avoir des chevauchements. Je fais venir des freelances selon le type de projet, c’est soit des profils issus du temps réel (technical artist, développeur) soit issus des VFX (artiste 3d, FX).

Je travaille avec beaucoup de passion, j’ai besoin que chaque projet ait un intérêt à mes yeux et je fais tout pour que le résultat soit le plus qualitatif possible.  

3DVF : Tu viens de finir Clinamen, un ambitieux projet qui multiplie les techniques pour proposer une vision surprenante du Palais Garnier, à Paris. Comment est né le projet, et qu’est-ce qui a orienté le concept vers ce foisonnement de technologies ?

Les choix techniques ont été guidés par le concept du film, l’envie de travailler sur la représentation du mouvement, et l’inspiration du poème de Lucrèce De Rerum Natura et la physique atomiste. Il a fallu trouver des solutions adaptées à chaque problématique, la captation du mouvement des danseurs, la représentation de l’intérieur du Palais Garnier, puis une représentation d’un Paris futuriste. C’est des techniques que j’avais déjà toutes utilisées séparément dans d’autres projets, mais là elles étaient toutes réunies : LIDAR, photogrammétrie, motion capture, FX.

3DVF : D’un point de vue logiciel, quels outils avez-vous utilisés ?

Principalement Houdini qui a servi à charger les scan 3D Lidar et les photoscans, à faire les retouches sur ces scans et tous les FX. Ensuite grâce aux houdini asset, Maya a servi pour le layout et le rendu fait avec Redshift. Bizarrement Maya est très peu adapté au travail sur des LIDAR, et a ma connaissance ça n’est pas possible de les charger sans plugin extérieur.

Enfin le compositing final s’est fait avec Nuke.

Vidéo ci-dessus : les sculptures de Rémi Brun, évoquées dans la question suivante.

3DVF : Le début du film met en scène trois danseurs réduits à leur plus simple expression : la motion capture n’est retranscrite qu’au travers de quelques sphères. Les formes disparaissent pour laisser place au mouvement pur, un choix assez rare qui rappellera peut-être à certains la poésie des sculptures de Rémi Brun dont le studio Mocaplab a justement effectué la motion capture.
Pourquoi ce choix artistique, et comment s’est déroulée la séance de motion capture en pratique ? Par la suite, avez-vous retravaillé les données ?

La question que pose le film c’est jusqu’où on peut aller dans la soustraction d’éléments visuels tout en gardant une perception intacte des mouvements des danseurs et de la chorégraphie. Je trouve ça assez magique quand, grâce au mouvement, on relie naturellement ces sphères et on visualise une sorte de corps imaginaire. A la fin du film on descend encore plus dans la soustraction puisque les sphères des danseurs disparaissent, pourtant leur mouvement est toujours là et c’est lui qui déplace les points du décor.

Page suivante : suite de la chorégraphie, usage du LIDAR, FX et télétravail.

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