What Comes at Night
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5 pitchs qui sortent de l’ordinaire au Festival National du Film d’Animation 2023

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A l’occasion du Festival National du Film d’Animation, qui se tenait récemment à Rennes, nous avons pu découvrir une série de pitchs de projets de séries et courts-métrages à différentes étapes d’avancement (concept ou développement).

Une quinzaine de projets étaient mis en avant : en voici une petite sélection, avec des thématiques ou traitements qui sortent souvent des sentiers battus !

Kush mir in tochez : dans l’intimité d’un salon de coiffure

La réalisatrice israélienne Mor Israeli venait présenter Kush mir in tochez (titre en Yiddish que l’on peut traduire par « va te faire voir »), projet de court-métrage en animation 2D/3D en développement avancé.

Un salon de coiffure pour femmes très âgées, situé dans l’appartement de la coiffeuse, Rachel (41 ans). Il y a les mêmes clientes depuis des années. Chaque vieille dame a son jour et son heure habituels et attend patiemment son tour au milieu des autres. Les femmes, très vieilles mais élégantes et bien coiffées, en attendant leur tour, partagent les anecdotes de la semaine dernière et un moment d’intimité dans ce lieu fermé et particulier.

Mor Israeli vise un public adulte, et tire son projet d’une expérience personnelle : sa grand-mère qui lui disait « Kush mir in tochez » avec un sourire, la faisant exploser de rire. Celle-ci était aussi très élégante, et était habituée d’un salon de coiffure pour femmes âgées : un rendez-vous hebdomadaire qu’elle attendait avec impatience, la séance de coiffure s’apparentant à la fois à un club secret d’initiées et une cérémonie. Un lieu ancien au sein duquel des femmes d’origines géographiques différentes (Israël, Maroc, Roumanie…) se croisaient et échangeaient.

Ambiance feutrée, intimité, décors soignés : Mor Israeli explique que ce lieu représente pour elle sa grand-mère et ce qui la définissait, « une femme forte qui a osé vivre ».

Kush mir in tochez

What Comes at Night : un pitch entre insomnie et pandémie

Porté par Gaia Alari et La Cellule Productions, What Comes at Night est un projet de court-métrage en cours de développement, très personnel. Il adoptera une animation 2D traditionnelle, au crayon gras.

Une femme d’une trentaine d’années lutte en vain contre l’insomnie. Au fur et à mesure que la nuit avance, apportant avec elle son lot d’anxiété et d’impuissance, elle perd tout repère spatio-temporel. C’est alors qu’un souvenir enfoui refait surface.

Le projet est né en 2020, en pleine pandémie, alors que la réalisatrice vivait à Bergame, foyer principal de l’épidémie en Italie. Entre le confinement forcé et la perte de proches, Gaia Alari a vu le deuil, la perte entrer dans son quotidien.

What Comes at Night est un projet profondément introspectif et sensoriel, à surveiller de près. Gaia Alari nous a présenté des concepts prometteurs, avec un style visuel fort mêlant noir et blanc et poissons colorés.

What Comes at Night

Le Club de la savane : la Martinique se révolte

Bénédicte Bonheur a passé sa jeunesse en France métropolitaine, bercée par les souvenirs d’enfance de sa mère martiniquaise, qui a grandi dans les années 60. Jeux, musique, contes, veillées funèbres… Autant d’éléments dont elle a saisi plus tard la portée, sa mère ayant aussi été témoin de révoltes contre l’état français.

Elle souhaite désormais en tirer une série de 10×26 minutes, qu’elle a donc pitchée au Festival National du Film d’Animation.
Le projet cible les enfants à partir de 8 ans, et se focaliserait sur quatre enfants à la fin de l’année 1959 : Lumina (9 ans) et ses amis, l’espiègle Lubin, Rohan le timide de la bande, et Madeleine, qui s’est installée en Martinique avec son père médecin et a du mal à se faire accepter au sein de son école.
Entre découverte du jazz et bêtises en tous genres, le quatuor va se retrouver témoin de l’Histoire : une bagarre en apparence banale sur la place de la Savane, à Fort-de-France, sera l’élément déclencheur d’une révolte de grande ampleur au cours de laquelle les français martiniquais réclameront plus d’équité par rapport aux français métropolitains.
Dès lors, les enfants prendront conscience des enjeux sociaux présents sur l’île, et s’interrogeront sur leur place dans la société, sur leur appartenance à la Martinique et à la France.

Le Club de la Savane mettra donc en scène des évènements historiques, mais sans oublier le quotidien des enfants, entre jeux et contes. L’ensemble prendra un format feuilletonnant, avec une approche qui s’inspire de celle de la série animée Les Grandes grandes vacances. Le tout sera porté par la voix off de Lumina, qui a choisi de devenir conteuse une fois adulte.

La série est encore à l’état de concept, Bénédicte Bonheur étant en recherche de partenaires côté production, travail graphique. Barbara Brun, Guillaume Lorin ont été cités comme inspirations visuelles pour les personnages.

Le Club de la savane
Le Club de la savane

Liudi : la violoncelliste et la baleine

Poursuivons ce tour d’horizon avec Liudi, de Louise Revoyre. Un projet de court-métrage encore à l’état de concept.

C’est l’histoire d’une baleine et d’une violoncelliste. Nous sommes au 19ème siècle, tout à l’est, loin, loin, dans une mer au nom imprononçable : la mer d’Okhotsk. Les occidentaux viennent y pêcher, efficacement, systématiquement. BALEINE n’échappe pas au harpon. De l’autre côté du monde, au même moment, à Paris, une toute jeune femme se prépare pour son premier concert. LISA a 17 ans, elle joue du violoncelle. Voici le récit de leur rencontre, de leur voyage ensemble et de sons partagés, un récit qui s’inspire d’une histoire vécue, mais aussi d’un rapport au vivant à questionner, à réinventer.

Liudi est le croisement fictif du destin de deux femmes bien réelles. Tout d’abord Lisa Cristiani (1827-1853), première femme violoncelliste à avoir fait carrière (un défi à l’époque, le violoncelle étant considéré comme un instrument inapproprié pour les femmes, d’autant que les robes de l’époque gênaient physiquement la performance). Elle a voyagé jusqu’aux confins de la Russie, dans la région du Kamtchaka. Nastassja Martin, est de son côté une anthropologue née en 1986 qui a beaucoup écrit sur cette même région, et est notamment célèbre pour un récit inspiré de son attaque par un ours.

Louise Revoyre explique que son film mêlera féminisme et écologie, l’animation étant prévue en 2D. Nous avons pu découvrir quelques recherches, comme l’image ci-dessous, mais le style visuel est encore non définitif.

Liudi

En attendant : une nouvelle espèce à découvrir

Elice Meng et Alexis Requintel nous ont présenté En Attendant, projet de série en cours de développement au format 30×4 minutes, ciblant un public ado/adulte.

En Attendant

Le concept : une série documentaire sur les Plumus, des créatures faites de plumes, sorte de chaînon manquant entre les humains et les autres animaux ou les plantes. Les Plumus vivent, contemplent, désirent, aiment, jouent… En somme, un miroir poétique de l’humanité, qui abordera questions de société et sujets philosophiques dans un style minimaliste : pas ou peu de décors, pas de quête ou de fil rouge (même si certains personnages seront amenés à revenir). L’un des défis sera de trouver le bon style d’animation pour les plumes afin de faire passer les émotions de ces Plumus.

Pitchs - Festival National du Film d'Animation 2023
Elice Meng et Alexis Requintel

Festival National du Film d’Animation : des pitchs très divers, des retours de qualité

Les quelques exemples précédents vous donneront une idée de cette sélection de pitchs au FNFA 2023 : des projets aux thématiques très diverses, souvent fortes et personnelles. Humour, Histoire avec un grand H, souvenirs, introspection étaient souvent présents.

Vous trouverez sur le site du festival les listes complètes des pitchs en concept et développement avancé. Au menu, entre autres : grenouilles faisant face à l’immobilier et au changement climatique avec Freshstyle de Lucie Pradeau et Camille Hummel, dinosaures, SF et musique d’Afrique du Sud dans Zootosaure de Robin Pineau et Gabriel Lefèvre, quotidien d’un collège dans Pion.ne.s de Marie Pierre Hauwelle et Gildas Rigo (XBO Films).

Qu’il s’agisse des pitchs de projets au stade de concept ou de développement, la salle de conférence était toujours bien remplie, avec des retours très pertinents : conseils, suggestions, pistes données en termes de financement ou d’éléments artistiques. Ces séances de pitch furent très clairement un moment fort du festival. Si vous portez un projet d’animation, nous ne saurions trop vous conseiller de proposer votre pitch pour les éditions futures. D’autant plus que les partenaires (Ciclic, Cartoon, Titrafilm, L’Agraf) décernent des prix et dotations allant d’une aide financière pour créer un pilote à du mentorat.

Pitchs - Festival National du Film d'Animation 2023
Lucie Pradeau et Camille Hummel
Pitchs - Festival National du Film d'Animation 2023
Robin Pineau et Gabriel Lefèvre

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