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Paris dystopique : Werlen Meyer dévoile un clip en animation 2D pour Sierra

Nous vous avions déjà parlé de l’équipe du studio Werlen Meyer, qui avait réalisé une séquence animée pour le film The French Dispatch de Wes Anderson.

Werlen Meyer est de retour avec un clip dystopique pour le titre Gone de Sierra. Un film qui met en scène un Paris sombre et futuriste. Dans cet avenir pessimiste, « lʼÉtat ne fait plus que policer la population », explique Thomas Landrein, réalisateur. « Nous prenons le point de vue de deux policiers. Ils sont à la fois les auteurs de cette répression mais finissent par devenir les victimes de la violence quʼils propagent.”

Voici le clip, suivi de plus de détails sur le projet : nous avons pu échanger avec l’équipe avant la sortie du clip pour en savoir plus !

Un film de
Thomas Landrein ( Réalisateur )
Jonas Genevaz ( Directeur Artistique )
Production Werlen Meyer
Avec le soutien du CNC
Layout Posing : Clément Desnos – Thomas Landrein
Animation : Clément Desnos – Thomas Landrein – Axel Quinteiro – Nicolas Voukourakos
Fx Animation : Oscar Cotte
Décors : Jonas Genevaz – Kevin Mei – Edwige Stoll
Compositing : Vincent Gibaud
Assistant Compositing : Basil Noordanus-Calmels
Étalonnage : Kenji Firch – Les films du Périscope
Partenaire de Werlen Meyer : CRÉAPOLE
Musique : SIERRA « GONE » – Publishing Les Airs À Vif / Distribution Virgin Music

Genèse du projet

Thomas Landrein et Jonas Genevaz avaient comme projet de réaliser un clip ensemble, notamment dans l’idée de mettre à profit l’expérience acquise par le duo sur de gros projets (film d’animation Le Sommet des Dieux, série What If de Marvel).

Jonas a lancé l’idée de s’appuyer sur la musique de Sierra, dont le style mêle influences EBM et darkwave.
Thomas Landrein et Jonas Genevaz ont travaillé écriture et univers ensemble, avant de contacter Werlen Meyer avec qui ils avaient déjà collaboré. Enthousiaste, le studio a voulu en profiter pour placer le duo dans un rôle de lead et réalisation. Sierra a ensuite été contactée, et le projet s’est lancé avec le soutien du CNC.

Les réalisateurs ont aussi endossé d’autres rôles : production (gestion de projet et des artistes), travail artistique en préprod et durant la fabrication. Jonas Genevaz explique que cela leur a permis d’avoir un plus grand contrôle artistique sur leurs domaines d’expertise. De façon pragmatique, cela a aussi permis de composer avec un budget limité.

Un message fort et tragique

En ce qui concerne le scénario, Jonas explique :

Le sentiment que nous souhaitions transmettre est une sorte de mise en garde. Ce que lʼon voit dans le film nʼest bien sûr pas quelque chose de souhaitable. On a cherché à avoir quelque chose qui tient en haleine, en sidérant plus quʼen choquant. Quelque chose qui met le spectateur en tension.”

La thématique centrale est celle d’un effondrement, avec un Etat qui devient impuissant et toute la structure de la société qui s’effondre.

Le clip met donc en scène des policiers, représentants de l’ordre et de l’Etat, dans une situation de violence écrasante. Adopter leur point de vue, expliquer l’équipe, a pour but de confronter le spectateur à des émotions contradictoires :

Dʼune part, une empathie naturelle envers les souffrances des personnages, dʼautre part un sentiment de malaise lié à leur brutalité et à la froideur quʼils représentent. Cette ambivalence sʼincarne dans le personnage de Philippe. Par ailleurs, Kaya porte un message positif en agissant avec nuance. Elle cherche à résoudre cette contradiction, sans succès.

Jonas précise :

Nous avons pris les maux de la société et les avons poussés de 20% : violence policière, traitement inhumain des migrants, pauvreté… Dans le même temps, nous avons fait le choix de prendre des policiers comme personnages principaux. Nous ne voulions pas quelque chose de manichéen.

Des monuments emblématiques

Vous aurez noté la présence de lieux et monuments parisiens: Place Vendôme, Grand Palais, Opéra de Paris, Place de la République. Jonas explique ici que le but était de retenir des monuments facilement indentifiables, qui faciliteraient la projection du spectateur dans le futur proche hypothétique proposé par le clip. En outre, ces monuments ont un côté historique, et créent un contraste entre un passé glorieux révolu et l’idée d’un effondrement brutal. Jonas précise qu’un important travail de repérage photo a été fait sur place.

Le lighting est la clé

Nous avons demandé quelques précisions sur le travail de la lumière : entre les ambiances contrastées et les séquences de nuit du clip, le lighting est évidemment un point clé.
Jonas le confirme :

Vu que notre source d’inspiration principale et le cinéma de prise de vue réelle, on pense nos plans avant tout par la lumière. Que ce soit la composition, le dessin des personnages ou des décors, tout est d’abord conçu comme si on était sur un set de cinéma. On « place »  des projecteurs et des sources de lumière dans un espace imaginaire et on regarde ce que ça donnerait. On n’hésite pas non plus à tricher avec la continuité de l’éclairage entre les plans quand cela peut apporter quelque chose en termes de narration ou d’ambiance.

Feu, flammes, pluie

Le clip comporte de nombreux FX : pluie, tirs, flammes, explosions, sang… En pratique, c’est le premier plan avec la Place de la République en feu qui a demandé le plus de temps. Géré par Oscar Cotte, ce plan devait proposer une image forte pour « absorber le spectateur dès le début », explique Jonas.

La pluie a demandé beaucoup de travail en animation, et le compositing a été une étape clé pour sa mise en valeur.

De multiples références

Bien entendu, entre la mise en scène de policiers, l’univers parisien et la dystopie, l’équipe a pu s’inspirer de nombreuses oeuvres. Les films Le Cercle Rouge, L’Armée des Ombres de Jean-Pierre Melville, Les Fils de l’Homme d’Alfonso Cuarón font partie des oeuvres citées par les réalisateurs. Thomas indique :

Nous avons pensé le film comme du cinéma traditionnel (les contre plongées, les gros plans) mais en adoptant la technique 2D car nous la maîtrisons et lʼanimation permet dʼépurer le sujet. Le choix dʼun style réaliste nous permettait de coller à lʼhistoire et à lʼaspect dystopique.”

Jonas ajoute que l’animation a aussi servi d’inspiration : Jin-Roh, la Brigade des Loups de Hiroyuki Okiura, Ghost in the Shell de Mamoru Oshii, Akira de Katsuhiro Otomo…

Pour aller plus loin

Pour en savoir plus sur Werlen Meyer, n’hésitez pas à faire un tour sur le site de ce studio créatif spécialisé dans l’animation 2D.
Côté musique, Sierra dispose d’une chaîne Youtube et d’un compte Instagram.

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