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La révolte gronde chez ArtStation : en voici les r-AI-sons

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C’est une manifestation peu ordinaire qui a lieu en ce moment chez Artstation. Le célèbre site artistique, qui permet de présenter son travail et de créer des portfolios, est désormais rempli d’images fustigeant les images créées à l’aide d’intelligences artificielles (IA), comme le montre la capture d’écran ci-dessus.

IA: des enjeux éthiques et légaux

Vous l’avez forcément remarqué, ces derniers mois les outils s’appuyant sur des IA pour générer des images (Midjourney, DALL-E 2, Stable Diffusion et autres) sont en plein essor, avec des avancées techniques spectaculaires et une explosion de leur usage. Si vous n’avez jamais testé ces outils, leur principe est, le plus souvent, d’entrer une requête nommée « prompt ». Quelques mots indiquant ce que vous cherchez à représenter, le style visuel, voire la création d’images dans le style d’un artiste précis. Certains outils permettent aussi de partir d’images existantes, de créer des variations. Des projets liés à la vidéo et l’animation voient le jour, ou même des IA générant du texte (non, cet article n’a pas été écrit par une IA).

Cependant, ces outils posent de multiples questions, et en particulier :

  • Beaucoup d’IA ont été entraînées sur des images d’artistes sans autorisation, un point dont les aspects légaux et éthiques font débat. Une question similaire c’était posée lors de la création de Google Traduction, qui s’appuie sur les textes traduits par des humains, et donc des traducteurs et traductrices.
  • Un autre point est la notions de copyright et d’artiste, s’agissant d’images créées par des IA avec, souvent, une intervention humaine assez minime. Une image créée par IA est-elle liée à un droit d’auteur en France, un copyright en droit américain ? Quid des images explicitement créées « dans le style » d’artistes vivants ? Et une personne qui crée des images générées par IA peut-elle être qualifiée d’artiste à l’origine d’une oeuvre ?
    Des questions qui feront encore longtemps débat, et qui se trancheront en partie dans les tribunaux pour les aspects légaux.
    L’enjeu est loin d’être anodin : par exemple, si un studio utilise l’IA pour la direction artistique d’un film d’animation, et que ceux-ci n’ont pas de copyright, on peut imaginer que d’autres entités puissent créer des produits dérivés sans le moindre problème légal.
  • Enfin, un autre point majeur est la concurrence avec les artistes utilisant des approches traditionnelles, qu’elles soient 2D ou 3D. Ainsi, la marketplace ArtStation comporte désormais des packs de références et concept arts qui sont selon toute vraisemblance créés en masse à l’aide d’IA.

Des réactions multiples

La question est évidemment clivante, et nous avons pu ces derniers mois échanger avec des artistes, studios qui ont des positions assez diverses : du rejet en bloc à l’adoption pour expérimenter et trouver des idées, en passant par des essais prudents. Certaines personnes considèrent aussi que les images créées par IA devraient s’exposer séparément de celles ayant demandé des heures, dizaines d’heures de travail aux artistes numériques.

Colère chez ArtStation face aux IA

Pour revenir à ArtStation, face à l’arrivée d’images créées par IA dans les tendances et à l’abondance de packs d’assets issus de cette technique, une initiative d’abord isolée fait boule de neige : le post d’images réclamant la bannissement d’ArtStation des images générées par IA.
Comme le montre la capture plus bas, le mouvement est massif et particulièrement visible dans la section tendances du site, les visuels anti-IA occupant désormais l’écrasante majorité des images mises en avant. Signe que ces visuels sont vus et likés en masse.

L’action anti-IA en cours chez ArtStation n’est pas un cas isolé. La plateforme DeviantArt a fait face à une levée de boucliers similaire après avoir lancé DreamUp, un outil de création par IA… Tout en réglant les paramètres du site afin que les artistes, par défaut, autorisent l’usage de leurs créations pour nourrir cette IA.
Face aux réactions, DeviantArt avait fait en partie marche arrière, en désactivant l’autorisation par défaut. Sans pour autant reculer sur le projet DreamUp et la possibilité de poster des images créées par IA sur DeviantArt.

Reste désormais à attendre la attendre la réaction d’Epic Games, propriétaire d’ArtStation, face au mouvement actuel.

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