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IndieCade Europe 2019 : de l’émouvant à l’absurde, de l’action au message politique

Il y a quelques jours se tenait à Paris l’édition 2019 d’IndieCade Europe, festival centré sur le jeu indépendant. 3DVF était sur place : il s’agissait de notre première participation à l’évènement.
Notre impression a été très positive : malgré quelques soucis d’organisation le premier jour, la diversité des projets présentés mérite le détour. La taille humaine de l’évènement favorise par ailleurs les échanges avec les équipes de développement.

Voici une petite sélection des jeux qui ont retenu notre attention. Qu’ils soient en cours de finalisation ou déjà disponibles, ils témoignent assez bien du foisonnement d’idées et de concepts présents sur place.

Bird of Passage : virée nocturne à Tokyo

Bird of Passage, tout d’abord, est un titre minimaliste mais à l’ambiance forte. Une série de voyages en taxi vous permettra d’écouter un bien curieux passager évoquer le passé de Tokyo…

Développé par une équipe de quatre personnes, le titre peut déjà être testé sur itch.io mais n’est pas terminé. La version finale, prévue pour 2020, proposera principalement une narration plus détaillée et aboutie.

Quelque part entre traversée du Styx, plongée historique et ambiance planante sous les lourdes gouttes d’une pluie nocturne, Bird of passage propose une expérience contemplative qui mise tout sur l’émotion, la narration et le ressenti.

Unruly Heroes : une direction artistique soignée

Premier jeu du studio français Magic Design, Unruly Heroes est un titre inspiré par la fameuse Pérégrination vers l’Ouest, nouvelle chinoise très influente. Si le titre peut être joué en solo, c’est en coopération qu’il trouve tout son sens : quatre joueurs peuvent alors incarner quatre héros aux pouvoirs et capacités bien spécifiques dans des niveaux mêlant aventure et action.

Le titre vaut en particulier pour sa direction artistique très réussie. Héros, adversaires, décors, le soin apporté à chaque détail est manifeste. Le jeu est disponible sur PC et consoles.

Don’t Look : l’horreur au coin du regard

Don’t Look est un projet horrifique créé par une équipe d’étudiants du Cnam-Enjmin (You-Jeen Mette, Marine Espinasse, Axel Malherbe, Florian Alazais, Vincent Arnol et Louis Naudin). L’équipe a beau être jeune, elle ne manque pas de talent et propose ici un concept très efficace : vous incarnez un enfant perdu dans un lieu sombre et inquiétant. Seule une lampe torche vous permet de voir ce qui se cache dans l’ombre. Le twist : la lampe torche, justement, est littéralement contrôlée par votre regard à l’aide un capteur Tobii qui permet de tracker vos yeux.

L’idée est excellente et apporte beaucoup à l’ambiance. Le jeu vous demandera même parfois de fermer les yeux (et sera donc en mesure de vérifier que vous le faites vraiment) tandis que des bruits inquiétants vous donneraient plutôt envie de les ouvrir… Difficile alors de réfréner quelques frissons d’angoisse.

Téléchargeable gratuitement, le jeu peut se tester sans système de tracking mais l’absence de ce dernier nuira évidemment à l’expérience.

Biped : une coopération très physique

Dans un tout autre genre, le futur jeu Biped de NEXT Studios propose une coopération délicate : les deux joueurs disposent des mêmes capacités, et le gameplay repose fortement sur la physiques. Equilibre précaire, déclenchements simultanés, actions enchaînées : la communication sera la clé de votre réussite.

Biped gère la coopération à 2 en local, et dispose d’un mode solo. Il devrait sortir sur PS4, Switch et PC.

Nauticrawl : un périple cérébral

Esclave sur une planète inconnue, un vaisseau volé est votre seul espoir de vous enfuir. Problème : vous n’avez jamais conduit un tel engin… Il vous faudra donc découvrir son fonctionnement, puis explorer les alentours.

Venu d’Italie, Nauticrawl a nécessité deux ans de travail. Comme nous l’a expliqué son créateur Andrea Interguglielmi, le but était de faire un grand jeu, mais avec les ressources d’un développeur solo : le choix a donc été fait de ne pas montrer l’extérieur du vaisseau. L’idée était aussi de s’inspirer des vieux jeux d’aventure textuelle.
Vous ne sortirez donc pas de la carcasse de l’engin. Un radar, la narration et votre imagination feront le reste.

Si son concept le réserve sans doute à un public de niche, Nauticrawl est l’exemple type d’un projet qui a su dépasser ses limitations en trouvant une approche intelligente. Pour en savoir plus, n’hésitez pas à aller faire un tour sur Steam.

Lost Ember

Prévu sur PC et consoles, Lost Ember de Mooneye Studios est un « jeu d’aventure et d’exploration atmosphérique ». Concrètement, il s’agit d’un titre narratif souvent contemplatif, dans lequel vous incarnez un loup. En outre, vous avez le pouvoir de prendre possession des animaux qui vous entourent : de quoi prendre votre envol, nager sous la forme d’un poisson, ou même… Vous retrouver sous terre en incarnant une taupe.

Letters : un Kickstarter prometteur

Avec ses graphismes doux, Letters est un jeu venu de Suisse qui mêle aventure, narration et réflexion. Il vous invite à suivre le parcours d’une jeune fille nommée Sarah au travers de ses lettres puis messages en ligne, dans les années 90 et 2000.
Tout en suivant sa vie, vous devrez prendre des décisions qui influenceront sa destinée, via un système de jeux de mots : par exemple, en découpant le mot « drawing » dans une lettre, vous en tirerez « Wing », ce qui vous permettra d’aider un oiseau dont seule une aile a été dessinée.

Prévu pour PC et Mac, ce titre attachant fait l’objet d’une campagne Kickstarter (avec démo jouable disponible). Débourser une dizaine d’euros vous permettra de l’obtenir lors de sa sortie, prévue pour 2021.

Kind Words : bouteilles à la mer et bienveillance

Un jeu ? Une oeuvre d’art ? Un forum visuel ? Peut-être un peu des trois. Proposé par Popcannibal et distribué exclusivement via Humble Bundle Monthly, Kind Words vous propose d’écrire et recevoir des messages à des inconnus : d’autres joueurs et joueuses avec qui partager vos soucis, et que vous pourrez conseiller ou rassurer.

En pratique, le concept fonctionne : Popcannibal nous assure que la plupart des gens sont gentils entre eux. Un système de signalement permet tout de même d’intervenir sur les personnes qui répondraient avec méchanceté ou en hors sujet, voire pour les personnes dont les messages font penser qu’elles ont des envies suicidaires (des informations pour trouver de l’aide de façon plus classique, hors du jeu, sont d’ailleurs proposées).
Au final, les correspondances signalées sont rares (1 à 2% et généralement pour du hors sujet), nous a expliqué Popcannibal.
Une version mobile n’est pas exclue, mais cette idée pose question : est-on aussi disposé à répondre avec gentillesse et attention dans un bus bondé que chez soi, au calme ? Pas sûr.

Quoiqu’il en soit, Kind Words est décidément un jeu à part. Comme le dit Popcannibal : « il n’en a pas l’air, mais c’est un jeu très politique ».

IndieCade Europe reviendra l’an prochain pour de nouvelles découvertes.

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