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Harcèlement sexuel chez Ubisoft : de nouveaux rebondissements

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Mise à jour après publication : ajout d’informations complémentaires.

Nous avions déjà eu l’occasion d’évoquer les problèmes de harcèlement sexuel au sein du géant du jeu vidéo Ubisoft, via les révélations qui avaient éclaté à partir de juin 2020 puis les annonces de départs de plusieurs personnes concernées par l’affaire.

De nouveaux développements ont eu lieu récemment, avec l’avancée d’une plainte en France et un communiqué du collectif A Better Ubisoft.

Rappel de l’affaire

Rappelons tout d’abord les grandes lignes de l’affaire : plusieurs dizaines de témoignages (témoins, victimes) relayés dans la presse avaient mis en lumière de nombreux dysfonctionnements, avec des comportements tels que du harcèlement sexuel, des tentatives d’agressions sexuelles. Les victimes et témoins dénonçaient l’inaction des RH et de la hiérarchie, voire une protection active de certains agresseurs occupant des postes à responsabilités.

Ubisoft avait par la suite affirmé que des changements seraient mis en place, mais de nombreuses personnes employées dans le groupe avaient rapidement émis des doutes sur la bonne volonté d’Ubisoft, pointant du doigt des annonces qui ne se traduisaient pas en actes suffisants.

Ubisoft Forward
Yves Guillemot, PDG d’Ubisoft, durant une présentation Ubisoft Forward

« Aucune de nos demandes n’a été satisfaite », dénonce A Better Ubisoft

Cette défiance se poursuit. Le collectif A Better Ubisoft composé de personnes faisant partie ou ayant fait partie du groupe a ouvertement critiqué la dernière enquête interne de satisfaction menée par Ubisoft, dénonçant des résultats publiés de façon très succincte, peu transparente et avec un manque de données chiffrées. Toujours selon A Better Ubisoft, la hiérarchie ignore un certain nombre de retours postés par les équipes dans les outils de communication interne.

Plus largement, A Better Ubisoft dénonce l’inaction du groupe, et indique qu’aucune de ses demandes n’a été satisfaite. L’entité réclame pour rappel :

  • la fin de la promotion ou du déplacement au sein du groupe sans répercussion des harceleurs connus ;
  • disposer d’un siège collectif à la table des échanges, avoir leur mot à dire dans l’avenir d’Ubisoft ;
  • une collaboration au sein de l’industrie avec la mise en place de règles de base qui pourraient être appliquées dans tous les studios ;
  • la collaboration en question doit fortement inclure des personnes qui ne sont pas en position de management, et des personnes qui représentent les syndicats.

Enfin, A Better Ubisoft rappelle avoir lancé une pétition pour faire pression sur la direction.

La justice avance, nouvel appel à témoins et victimes

En parallèle, la plainte pénale qui avait été déposée en France avance.
Selon les plaignantes et plaignants, Ubisoft avait « mis en place et institutionnalisé un système dans lequel le harcèlement, moral et sexuel, était admis dans l’entreprise ». Pour les plaignantes et plaignants, le groupe aurait considéré qu’il était financièrement plus avantageux de protéger les harceleurs que d’agir pour protéger ses équipes.

Le syndicat Solidaires Informatique indique que l’affaire suit son cours : la police judiciaire de Paris a lancé les premières auditions il y a quelques jours.
Le syndicat en profite pour relancer son appel à témoins et victimes, y compris pour les personnes qui auraient reçu une somme d’argent en échange d’une absence d’action judiciaire : Solidaires souhaite vérifier s’il est possible, légalement, de contourner ces accords.
Solidaires Informatique dénonce par ailleurs le fait qu’à ce jour, « aucun harceleur du groupe n’a été confronté à la justice », et que certaines personnes concernées par l’affaire sont encore en poste.

Enfin, le syndicat rappelle qu’il n’est pas nécessaire faire partie de Solidaires Informatique pour rejoindre cette action en tant que témoin ou victime, que Solidaires Informatique prendra en charge les éventuels frais de justice, et que l’anonymat est garanti.

Pour contacter Solidaires ou l’avocate en charge de l’affaire : temoignages@solidairesinformatique.org / beckers@bcl-avocates.com

Une affaire à suivre

Nous continuerons évidemment à suivre l’avancée de l’affaire.

D’ici là, rappelons aux victimes qui se trouveraient dans d’autres entreprises et studios que des associations spécialisées peuvent leur venir en aide : l’AVFT, par exemple, se spécialise dans la défense des victimes de violences sexuelles au travail.

Marylin Baldeck (Déléguée générale de l’AVFT) faisait par ailleurs partie de la table ronde « Responsabilité sociale et conditions d’enseignement et de travail » qui s’était tenue fin 2021 à Angoulême, et dont le but était de mettre en lumière les initiatives de lutte contre les violences morales, sexistes, sexuelles en écoles et studios.
Nous avions enregistré cette table ronde, et vous pouvez la retrouver ci-dessous, suivie du timing des différentes interventions.

Panel :
Marylin Baldeck (Déléguée générale – AVFT https://www.avft.org/ )
Cécilia Bossel (Directrice générale adjointe – Cyber Group Studios https://www.cybergroupstudios.com/ )
Vincent Chiarotto (Directeur – ECV Bordeaux https://www.ecv.fr )
Cécile Blondel (Directrice du Développement International – GOBELINS, l’école de l’image https://www.gobelins.fr/ ) Samy Fecih (Superviseur d’animation, enseignant)
Modération : Patrick Eveno

0:00 – Introduction et présentation du panel
2:26 – Marylin Baldeck – AVFT : comment former efficacement sur les violences sexistes et sexuelles au travail
16:20 – Cécilia Bossel – retour d’expérience chez Cyber Group Studios :
sensibilisation sur les risques psychosociaux en entreprise
29:40 – Vincent Chiarotto – retour d’expérience et actions au sein de l’ECV Bordeaux
41:05 – Cécile Blondel – retour d’expérience et actions à Gobelins
52:15 – Samy Fecih – expérience en tant que superviseur, enseignant
1:01:46 – Questions-réponses : manque de formation des leads et équipes de production,
rattachement du secteur de l’animation à un CCHSCT (Comité Central d’Hygiène et de Sécurité et des Conditions de travail),
importance de la formation aux droits et devoirs en école (sensibilisation, cadre légal, etc)

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