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Guerre en Ukraine : la communauté de la création réagit et agit

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Suite à l’éclatement de la guerre en Ukraine, le secteur créatif a évidemment réagi, mais aussi lancé des initiatives. En voici un aperçu entre soutien aux équipes situées sur place, dénonciation du conflit ou organisation d’un festival pour les réfugiés.

Des studios directement concernés

Plusieurs groupes comme Crytek et Ubisoft, qui ont des équipes sur place, se sont exprimés.

Crytek est implanté en Ukraine depuis une quinzaine d’années. Le studio de jeu vidéo explique suivre la situation de près et faire son possible pour aider ses équipes et leurs proches, tout en indiquant avoir pu maintenir un contact. Le studio exprime aussi « sa tristesse face aux évènements actuels » et indique que ses pensées « vont à [ses] équipes et à tous les citoyens ukrainiens » .


Ubisoft a aussi réagi publiquement : on rappelle que le groupe possède deux studios en Ukraine, dans la capitale Kyiv et à Odessa.
Là encore, le communiqué évoque une volonté de soutenir les équipes, « en termes de sécurité physique et financière ». Ubisoft indique également son soutien à « toutes les personnes impactées ».

Le pays dispose de nombreux autres studios d’animation, effets visuels et jeu vidéo comme le studio d’animation Animagrad, le studio d’effets visuels Postmodern Digital.

Une lettre ouverte de la communauté de l’animation russe

De l’autre côté de la frontière, plus de 850 personnes issues du secteur de l’animation russe (que leur métier soit l’animation, la production, la critique ou encore l’organisation de festivals) ont signé une lettre ouverte contre la guerre, qui appelle à la fin des actions militaires.

Dans la liste des signataires, on trouve notamment le réalisateur, producteur et scénariste Andrey Khrzhanovsky, la réalisatrice et illustratrice Svetlana Filippova, le réalisateur Konstantin Bronzit, l’animatrice et productrice Irina Rubina.
Le fait de publier cette lettre est en soi un geste fort, étant donné les possibles conséquences pour les signataires.

En voici une traduction :

Nous sommes convaincus que la guerre n’apporte que la mort, la souffrance et la destruction. Et rien ne peut la justifier. Le communautés de l’animation ukrainienne et russe sont unies et inséparables, nous travaillons ensemble, regardons nos films respectifs depuis des années. L’art de l’animation est aussi un art qui aide les gens à se sentir humains. Pas pour tuer, pas pour détruire. Pour unir.

Et aujourd’hui nos enfants, nos frères sont envoyés tuer ceux avec qui ils ont récemment joué dans la même cour et ont regardé les mêmes dessins animés, sans faire la différence entre ceux qui étaient russes ou ukrainiens.

L’animation et l’art en général ont toujours été imprégnés d’un esprit pacifiste. Nous pensons que les actions militaires actuelles ne sont pas dirigées seulement contre nos amis et collègues ukrainiens, mais aussi contre tous les peuples, l’humanité toute entière.

Nous sommes contre la guerre. Nous voulons que les paroles sur ce peuple frère ne se transforment pas en cauchemar sanglant.

Il n’y a aucune justification aux bombes et aux tueries !

Un festival pour les réfugiés

Signalons enfin une initiative des réalisatrices Weronika Jurkiewicz et Bianca Lucas visant à créer un festival d’animation improvisé au niveau de la frontière entre l’Ukraine et la Pologne.

L’idée est de proposer aux familles de réfugiés un peu d’évasion afin d’oublier, durant quelques heures, la peur, l’attente et la fatigue. Le temps d’attente à la frontière pour les réfugiés est en effet particulièrement long (à la fois avant la frontière pour la traverser, après pour trouver un transport) : 12 voire 24h pour les personnes fuyant à pied.
L’équipe recherche en priorité des films pour enfants, si possible sans dialogues afin d’éviter la barrière de la langue. Courts et longs sont acceptés, du moment que les droits de projection peuvent être levés pour l’occasion.
Par ailleurs, les connexions internet étant précaires ou inexistantes, l’équipe demande d’envoyer des liens de téléchargement direct, afin de pouvoir disposer des films même sans Wi-Fi.

Enfin, l’appel indique que toute aide logistique en Pologne est la bienvenue : en parallèle de l’appel à films, l’équipe tente d’organiser la gestion des salles, projecteurs, chaises, écrans.

Voici l’appel:

ATTENTION all friends, filmmaking and festival community!!! WE NEED FILMS FOR CHILDREN & FAMILIES ASAP. Weronika Jurkiewicz and I are starting the BORDER CROSSING CHILDREN’S FILM FESTIVAL in POLAND.

Many mothers/ families are currently waiting in line at the border with their children for 12 hrs at a time in the cold. Once they cross, they have to wait further for transport. Exhausted, having to keep it together for their kids.

Everything is progressing dramatically and we are trying to move fast. We are scrambling to set up a points in Przemyśl, Medyka, and literally along the crossing where mothers wait either to cross or for transport with their children. Holding screenings and distractions for children is crucial in giving the little ones a moment of light through the trauma, and the mothers a moment to breathe. And hopefully see a smile on some of the children’s faces. We are currently trying to organize venues, projectors, screens and seats. Anyone who can help us with that and logistics in Poland, please let us know.

But in the meantime WE NEED FILMS FOR CHILDREN ASAP. The wifi is cutting out at the border, we need files and downloadable links. NO DIALOGUE, SHORT OR LONG, RIGHTS AND FEES WAIVED for the purpose of this event. I’m calling on all fellow FESTIVALS, PROGRAMMERS, FILMMAKERS AND DISTRIBUTORS. Please think of the most suitable films for the families in need right now.

UPDATE: you can now send downloadable films to: bccffpoland@gmail.com

Outre l’adresse ci-dessus (n’hésitez pas à donner les détails de vos films sous la forme « Film title/Director/Duration/Genre/Country » afin de faciliter le traitement), vous pouvez aussi envoyer vos films à Ivan Zuber de Laïdak Films, qui aide l’équipe en pré-téléchargeant les films: ivan@laidakfilms.com

Aide directe

Rappelons enfin qu’il est possible de soutenir financièrement les organismes et ONG qui agissent en faveur des réfugiés, par exemple la Croix-Rouge, Médecins sans Frontières, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés.

1 commentaire

Shadows 1 mars 2022 at 10 h 07 min

Rien sur les réseaux sociaux non plus, mais c’est assez logique, à ce stade ils ont d’autres priorités. Même chose pour Animagrad, Postmodern Digital cités dans l’article. (et je ne compte pas les contacter pour le moment, je pense qu’ils ont plus urgent à faire que de répondre à des journalistes)

La liste de signataires sur la pétition russe dépasse désormais les 900 personnes.

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