Il y a quelques jours, l’école IIM nous a invités à assister à la journée de rentrée de son axe Animation 3D (l’école parle d’axes pour évoquer ses différentes filières).
Au menu : une journée de présentations et conférences, mais aussi un aperçu des travaux récents des élèves. L’école a fait certains choix atypiques, qui méritent une mise en avant. En voici un aperçu !
Table des matières
Point sur le secteur et débouchés : il n’y a pas que Pixar dans la vie !
L’IIM nous a tout d’abord proposé un point sur l’état actuel du secteur côté emploi.
Pas de grande surprise ici, les chiffres évoqués sont dans la lignée du point que nous vous avons évoqué cet été : après des années fastes, le secteur subit une période plus difficile pour différentes raisons, qui selon le cas sont temporaires ou non : effet des grèves à Hollywood, chute des investissements après une forte hausse liée au Covid, etc.
Ekkarat Rodthong, responsable de l’Axe Animation 3D, a poursuivi en évoquant les débouchés. Bien des écoles mettent l’accent sur l’animation, les effets visuels classiques comme coeur de cible, voire comme unique porte de sortie. Un choix qui est évidemment lié en partie au recrutement des élèves : Pixar, DreamWorks, Illumination font rêver et sont susceptibles d’inciter de futures recrues à s’inscrire, malgré le coût important des études.
A contrario, l’IIM cherche à mettre l’accent sur des marchés alternatifs. L’école l’avait déjà fait lors des assises du stages organisées par le RECA en 2023.
Non, il n’y a pas que Pixar dans la vie, a martelé Ekkarat Rodthong. Si beaucoup d’élèves de l’école finissent effectivement dans des studios, d’autres rejoignent (en stage ou emploi) des entités comme le groupe SNCF, Axa, Thales, ou même le Ministère des Armées.
Histoire d’enfoncer le clou, nous avons eu droit à trois présentations autour de stages dans ces secteurs alternatifs.
- Mathis Demogue, qui a effectué un stage pour le Ministère des Armées, avec de la modélisation d’éléments 3D divers : véhicules, props, bâtiments.
- Matthieu Bourgeois, qui a travaillé chez Cartier sur des besoins de communication interne.
- Sarah Contrepoids, qui a effectué un stage chez Iconem, spécialiste du patrimoine, avant une alternance cette année chez Ellipse Animation : comme elle l’indiquait, un stage dans un autre secteur n’est pas forcément une barrière pour revenir ensuite dans l’animation 3D.
Cette démarche de l’IIM est intéressante à plus d’un titre, dans un contexte où le nombre d’écoles et d’élèves dans les filières animation/VFX continue à croître, avec des difficultés majeures pour les élèves qui recherchent des stages. Malgré la volonté des studios (voir le dernier point des RADI-RAF sur le sujet, ainsi que le webinaire que nous avions animé avec différents studios), les problèmes de fond persistent.
En parallèle, la question se pose aussi pour les débouchés eux-mêmes, puisqu’avec la crise que traverse le secteur, les taux d’insertion ont chuté de façon très nette, y compris dans les meilleures écoles.
Face à ce constat, aucun système de quota n’est pour l’heure envisagé au niveau national pour que le volume d’élèves soit en adéquation avec le marché. Il n’est du coup pas absurde de se demander si l’approche IIM ne devrait pas être étendue et renforcée, avec un message clair dès le recrutement lors de forums étudiants ou en ligne : non, le millier d’élèves qui sort chaque année des écoles ne va pas finir à Pixar. Oui, la publicité, le patrimoine, l’industrie et d’autres domaines ont aussi des besoins en 3D, et s’en détourner serait dommage. D’autant plus que ces débouchés alternatifs n’ont pas les mêmes dynamiques que l’animation, les VFX et le jeu vidéo, et peuvent donc être une alternative viable dans un contexte d’emploi tendu.
Certes, de nombreuses écoles ont elles aussi des débouchés divers, mais toutes ne les mettent pas aussi fortement et publiquement en avant que l’IIM. Plus de transparence permettra aux futurs élèves de mieux faire leurs choix avant, pendant et à l’issue des écoles.
Créer son studio après l’école ?
Evidemment, des débouchés alternatifs n’empêchent pas l’école de promouvoir aussi des approches plus classiques, ou des variantes comme la création de studio.
La jeune entité Clutch Frame, créée par des alumni, a d’ailleurs pu se présenter aux élèves. Enzo Petey et Lilian Kryvenac sont montés sur scène pour évoquer cette aventure. Nous avons particulièrement apprécié la sincérité de l’équipe, qui a souligné les bons côtés sans occulter la difficulté d’une telle démarche : la nécessité de communiquer efficacement, le besoin de projets pour se vendre à certains secteurs… Mais aussi l’impératif, parfois, de prendre des projets « alimentaires » pour payer les factures. Comme le montage de vidéos de l’anniversaire de la femme d’un président africain, un projet de dernière minute qui a eu des conséquences heureuses : grâce à ce premier projet, Clutch Frame a ensuite pu décrocher un contrat sur une animation 3D pour la CAN (Coupe d’Afrique des nations de football).
Voici la dernière showreel du studio :
Bilan carbone pour les courts de fin d’études
Autre point notable : Ekkarat Rodthong a indiqué que pour 2024-2025, les élèves auraient droit à un workshop sur le bilan carbone. Une mise en pratique sera faite sur les projets de fin d’étude, à l’aide du Carbulator, outil agréé par le CNC (voir la conférence des RADI-RAF de l’an passé, qui évoque notamment cet outil).
Une démarche très positive et encore trop rare dans les écoles : on citera l’école Piktura (ex Pôle 3D) qui avait présenté en jury une approche similaire il y a quelques années, reposant sur le nombre d’heures de rendu des films.
De quoi, on l’espère, donner des idées à d’autres écoles.
Une approche studio pour les courts étudiants
L’école nous a présenté ses derniers Projets de Fin d’Etudes (PFE) : des courts de fin de mastère réalisés en l’espace de 18 mois en « mode studio ». Concrètement, les équipes sont plus grosses que dans beaucoup d’écoles, et combinent des profils d’artistes 3D et gestionnaires de production.
- Nous avons d’abord eu droit à une projection du Chant des Vagues. Après plusieurs prix décrochés en 2024, un partenariat a été noué avec SOS Méditerranée, qui utilise désormais le film pour sensibiliser l’opinion publique.
- Place ensuite à Désaccordé, dont voici le teaser.
Le film est un hommage à Maurice Ravel, avec un rendu stylisé.
- Nous avons ensuite découvert Mon Amie Pastèque, une comédie champêtre avec un jardinier et une pastèque vorace.
- Nous avons pour finir découvert deux films en cours de production : Nebula, créé par une équipe menée par Amira Derghal, et Lost In the Sound, l’équipe étant ici portée par Elsa Garret. Deux films prometteurs, qui seront finalisés pour février 2025.
Précisons que l’école a ouvertement affiché dans ses ambitions 2024-2025 un renforcement artistique du cursus, notamment sur les projets de fin d’études : il sera donc intéressant de suivre les évolutions du côté de ces futurs films.
Partenariats à foison
L’école a aussi mis en avant différents partenariats. En particulier :
- La présence du syndicat France VFX, dont fait partie l’IIM aux côtés d’autres écoles comme ARTFX ou CinéFabrique. Yann Marchet, a présenté les chiffres du secteur évoqués plus haut, mais aussi le syndicat et ses actions, comme la mise en place de partenariats avec la Turquie, le Vietnam, la Thaïlande.
- L’IIM fait aussi partie du programme Epic Academy Partner d’Epic Games. Agathe Turlotte représentait le géant du jeu vidéo pour expliquer les enjeux de ce partenariat en termes de formation et de projets concrets (dont une Jam Unreal Engine).
Concours Les Femmes s’Animent
D’autres éléments ont été évoqués durant cette journée, à l’image d’un aperçu des premières images du court-métrage de Margot Wolff. Cette élève de l’IIM a remporté le concours organisé par l’association Les Femmes s’Animent, le RECA (Réseau Français des Ecoles d’Animation) et d’Epic Games (qui a rejoint le concours cette année). Le concours porte sur la présentation d’un concept de court-métrage sur le thème de l’égalité femmes-hommes. La lauréate Margot Wolf a remporté 1000€, un accompagnement pour développer le film, une formation à Unreal Engine et la possibilité de réaliser le court-métrage dans un studio partenaire.
Nous aurons l’occasion de revenir sur le court lors de son arrivée en ligne.
Rachat et avenir
Pour finir, un mot sur l’avenir de l’école. L’IIM fait partie du Pôle Léonard de Vinci, qui a été racheté cet été par le groupe AD Education pour une somme de plus de 300 millions d’euros. L’IIM appartient donc désormais au même groupe que l’ECV.
Ekkarat Rodthong nous a précisé que pour l’heure, ce rachat ne devrait pas entraîner de changement pour les élèves sur le plan pédagogique. Nous suivrons évidemment de près d’éventuelles évolutions dans les années à venir.
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Pour les élèves de l’IIM, si vous ne nous connaissiez pas déjà, nous vous invitons à découvrir nos dernières actualités et interviews sur l’animation, les VFX, la VR/XR, le jeu vidéo et bien plus encore : concours Pixar, entreprises françaises au SIGGRAPH, coulisses de la future série Secret Level, notre interview vidéo de Fortiche, une rencontre avec le superviseur VFX Guillaume Rocheron, les actualités syndicales dans l’animation…
Et pour les personnes en recherche de poste, n’hésitez pas à faire un tour sur les annonces régulièrement mises en avant sur la page d’accueil de 3DVF, mais aussi notre carte et liste de studios : vous y trouverez peut-être l’entreprise parfaite pour votre profil.