Photo d’en-tête : ANNECY FESTIVAL/G. Piel
A l’occasion du Festival d’Annecy, le syndicat des producteurs d’animation français AnimFrance a donné sa traditionnelle conférence de presse. L’occasion de faire le point sur plusieurs dossiers ; nous en avons retenu quatre principaux : France 4, fusion TF1/M6, décret TNT, directive SMA.
France 4 : victoire après une rude bataille
Sans surprise, la fin des péripéties autour de France 4 a été évoquée comme une victoire. Pour rappel, le gouvernement avait envisagé de supprimer la chaîne, qui devait être réduite à une présence en ligne et une application. Un choix motivé par une volonté d’économies. Problème : France 4 est un diffuseur majeur de l’animation en France, et donc un débouché clé pour les studios du pays. Autant dire que la nouvelle avait été accueillie froidement dans l’industrie.
La mort de France 4 avait par la suite été repoussée, notamment en raison de la pandémie ; l’arrêt était néanmoins toujours prévu pour l’été 2021, mais un collectif de sénateurs de diverses tendances politiques avaient lancé un appel public pour conserver la chaîne.
Ces tractations, bien évidemment aussi portées par le secteur de l’animation et notamment AnimFrance, ont finalement abouti : le président Macron a annoncé son souhait d’une poursuite de France 4.
Lors de la conférence, AnimFrance a évoqué « un défi relevé » et voit dans ce revirement une victoire pour le jeune public, le service public mais aussi le secteur créatif.
AnimFrance ne compte pas pour autant s’arrêter là, et a mis en avant de nouveaux caps liés à France Télévisions. Il s’agira par exemple pour le syndicat de pousser en faveur d’une hausse des investissements du service public en faveur du cinéma d’animation, les montants actuels étant relativement réduits par rapport à ceux injectés dans la fiction live. Autre enjeu : créer une vraie dynamique dans des domaines comme l’animation pour adolescents et adultes.
Fusion TF1/M6 : de multiples inquiétudes
Second sujet majeur : le projet de fusion des groupes TF1 et M6, que nous avions déjà abordé en mai dernier. AnimFrance a ici rappelé les défis principaux, et surtout les dangers potentiels d’un tel projet. Il soulève par exemple de nombreuses incertitudes sur la stratégie jeunesse du géant qui résulterait de cette fusion, notamment en ce qui concerne l’avenir de la chaîne Gulli et la diversité éditoriale.
Plus largement, le risque est celui d’un déséquilibre par rapport à la situation actuelle, avec un pouvoir accru de la nouvelle entité face à l’industrie lors des négociations autour de nouveaux projets.
Depuis cette conférence, Bouygues et RTL ont finalisé leur accord de fusion : les détails concrets devraient donc être moins flous. Le CSA et l’Autorité de la concurrence doivent encore valider la fusion.
Opportunité avec un géant capable de sortir des budgets plus importants ? Menace voire drame pour la production indépendante ? Nous aurons l’occasion de revenir sur ce sujet dans les mois à venir.
Décret TNT
Troisième sujet brûlant, le « Décret TNT », autrement dit la nouvelle version du texte qui précise les relations entre les producteurs de l’audiovisuel d’une part, et les chaînes de télévision d’autre part.
Autant dire que les enjeux commerciaux sous-jacents sont nombreux et stratégiques.
Pour AnimFrance, le texte proposé initialement par le gouvernement était bien trop favorable aux éditeurs, mettant en péril la production indépendante. Un point d’autant plus problématique, estime AnimFrance, que les indépendants sont au coeur des exportations françaises, qui ont explosé ces dernières années : c’est donc une des forces de l’animation française qui serait attaquée par le nouveau décret.
Même si le gouvernement a déjà reculé en amont du Festival d’Annecy, avec une nouvelle version du texte moins défavorable aux producteurs, AnimFrance a clairement exprimé que « le combat continue » pour le syndicat des producteurs.
Directive SMA : dernière ligne droite
Toujours concernant l’actualité règlementaire, la fameuse Directive SMA et sa transposition en droit français ont été abordés.
Rappelons que ce texte européen sur les services de médias audiovisuels vise entre autres à promouvoir la diversité culturelle avec des quotas de production en fonction du chiffre d’affaire réalisé sur tel ou tel territoire.
En clair : l’enjeu de la directive SMA était de faire adopter aux nouveaux acteurs, comme les géants du streaming, le système déjà en place pour la télévision classique. Et donc d’exiger de ces nouvelles plateforme d’investir dans la production audiovisuelle européenne, dont l’animation française.
Sans revenir sur les détails, très techniques, de cette transposition, on retiendra surtout que le long processus de négociation a abouti sur des modalités qui semblent globalement satisfaire AnimFrance.
Concrètement, explique le syndicat, « l’animation française espère capter environ 20% des investissements des plateformes (cinéma + audiovisuel) », ce qui devrait assurer de belles perspectives d’avenir.
Des dossiers se ferment, de nouveaux s’ouvrent
France 4, fusion TF1/M6, décret TNT, directive SMA : cette conférence AnimFrance a été l’occasion de clore (ou d’assister aux dernières pages) de dossiers ouverts de longue date, mais aussi de mettre en lumière de nouveaux enjeux.
Les RADI-RAF en fin d’année devraient être l’occasion de faire un nouveau bilan actualisé, avec notamment la traditionnelle conférence sur les évolutions règlementaires.