Le 29 mai sort au cinéma le film d’animation Adam Change Lentement, réalisé par Joël Vaudreuil. Pour son premier long métrage, il nous invite à suivre un adolescent mal dans sa peau, le temps d’un été.
Adam, 15 ans, a une particularité extraordinaire : son corps se modifie en fonction des moqueries et des commentaires de son entourage. Pas idéal pour un ado complexé. Alors que les grandes vacances commencent, Adam doit en plus se coltiner deux jobs d’été : garder une maison avec un chat-tronc et s’occuper du gazon de son voisin amoureux de sa tondeuse. Décidément, la vie ne fait pas de cadeau à Adam…
Le film fait inévitablement penser à certaines séries des années 90, comme Beavis et Butt-Head ou Daria. Trait et animation épurés, humour grinçant et cinglant : l’adolescence est un grand moment de malaise, Joël Vaudreuil adopte donc le malaise pour la retranscrire.
Adam change lentement, c’est avant tout une galerie de personnages très divers, parfois attachants, parfois grinçants, parfois un peu des deux. On pense par exemple à la mamie qui prend un plaisir cruel à dénigrer notre protagoniste, aux propriétaires de l’immense demeure qu’Adam doit gérer pendant l’été dont le fils fait clairement sentir sa supériorité sociale, aux camarades de classe harceleurs… Ou encore à Adam lui-même, qui regarde en boucle des films de série Z, fantasmant une puissance qui lui permettrait enfin de prendre sa revanche sur la vie.
Adam change lentement évite l’écueil de proposer un univers trop manichéen. Certains personnages réserveront donc quelques surprises, Adam y compris : il n’a pas que de bonnes idées, et son comportement fait que l’on garde une certaine distance. La jeune femme dont Adam est épris ou un enfant défiguré suite à un accident de balançoire, viendront également renverser les attentes. A leurs côtés, toute une brochette de personnages, de la soeur distante au père qui impose à Adam des petits boulots, en passant par un propriétaire de chien aux habitudes bien curieuses. Malgré l’usage d’archétypes, on évite donc de sombrer dans le cliché. Les transformations physiques d’Adam qui flirtent avec le fantastique ou l’onirique, certains passages frôlant l’horrifique, permettent aussi de varier les plaisirs.
Autre point positif, le casting vocal québécois, qu’Eurozoom a eu l’intelligence de conserver pour la distribution française. On a donc droit au sous-titrage de certaines répliques, quand l’accent et les références culturelles l’imposent : un choix évidemment épineux, et pas toujours parfait en pratique. En effet, quelques phrases supplémentaires auraient mérité d’être sous-titrées, et inversement, il nous est arrivé une ou deux fois de nous demander pourquoi des sous-titres étaient rajoutés. Reste que le choix fonctionne et participe fortement au charme du film.
Epuré, malaisant, drôle, triste, acide et caustique, Adam change lentement vous replongera dans les affres de l’adolescence et tout ce qui peut rendre cette période difficile. Sans pour autant se complaire dans le pathos, et avec une bonne dose d’humour et d’ironie.
Alors enfilez vos complexes, chaussez vos traumatismes refoulés, prenez un pot de pop-corn doux-amer, et rendez-vous dans les salles obscures dès le 29 mai.
Produit par Parce Que Films, Adam Change Lentement dure 93 minutes. La distribution est assurée par Eurozoom.