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La Reine Des Neiges : la critique de 3DVF

La Reine des Neiges

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Disney, de son côté, semble bien décidé à retrouver la ligne directrice qui lui a valu sa renaissance entre 1989 et 1999. La Reine des Neiges reprend en effet des recettes classiques du studio : un conte populaire réarrangé, un mélange de féérie et d’aventures épiques, et de nombreuses chansons.
La recette fait-elle encore mouche ? La réponse avec notre critique du film. Afin de préserver la surprise, nous avons essayé de ne pas trop dévoiler l’intrigue.

L’Histoire

La Reine des Neiges est au départ un conte de Hans Christian Andersen, publié en 1844. Disney a comme à son habitude fortement modifié l’histoire, avec une excellente idée : faire des deux héroïnes, Elsa et Anna, deux soeurs et princesses.
Elsa dispose depuis son enfance d’un pouvoir magique : elle peut créer neige et glace à volonté. Mais un accident la force à cacher cette capacité, y compris face à sa soeur. Lorsque leurs parents, roi et reine du royaume d’Arendelle, meurent dans des circonstances tragiques, elle se mure dans le chateau familial… Jusqu’au jour où, devenue jeune femme, la cérémonie de couronnement la force à ne plus vivre recluse. Mais ses pouvoirs reprendront le dessus, et elle plongera le royaume dans un terrible hiver.

La Reine des Neiges

Elsa préférant fuir, Anna tentera de remettre de l’ordre dans le royaume et de renverser la malédiction. En chemin elle croisera Kristoff (un montagnard) et Olaf, un bonhomme de neige devenu vivant.

Des personnages modernes

Le point de départ de La Reine des Neiges est donc le déchirement entre deux soeurs qui ne se comprennent plus, deux princesses séparées par la force des choses. On notera au passage que Disney est un des rares gros studio à se focaliser sur des personnages féminins : sa filiale Pixar (mis à part l’exception notable de Rebelle), DreamWorks, Illumination MacGuff ou Blue Sky nous proposent continuellement des héros masculins.

La Reine des Neiges

Mais les princesses, c’est ennuyeux, non ? Hé bien… Non. Disney a eu la bonne idée de dépoussiérer le concept des demoiselles en détresse, un processus dans la lignée de Raiponce. Loin du cliché, Anna s’avère être une femme indépendante et volontaire, qui sauvera plus d’une fois la situation. De même pour sa soeur Elsa.

Mieux encore, et sans gâcher la surprise, Disney va jusqu’à piétiner joyeusement certains poncifs des contes de fées et des princes charmants, ce qui n’est pas pour nous déplaire. Remiser au placard les clichés et en jouer est une excellente idée qui ne peut que renouveler le genre, tout en proposant au jeune public héroïnes actives et non plus passives.

Le personnage de Kristoff, fonctionne mais manque sans doute de profondeur, même si le film nous donne quelques informations sur son passé. On aurait aimé le voir  davantage creusé. accompagné de son renne Sven (au comportement proche d’un chien, une idée tout droit venue du cheval de Raiponce), il aidera Anna dans sa quête.

La Reine des Neiges

Le bonhomme de neige Olaf a un rôle de sidekick comique qui allègera la tension. Il évite l’écueil Jar-Jar Binks et sait rester drôle sans pour autant lasser.

A noter, car fait rare dans ce type de conte de fées, la présence de plusieurs personnages non caucasiens dans la foule venue pour le couronnement d’Elsa. Ils ne sont toutefois utilisés qu’en tant que « décor », et aucun ne deviendra un personnage principal ou secondaire de l’histoire. Il sera intéressant de voir si Disney évolue sur ce point dans les prochains films du studio, pour introduire plus de diversité.

En ce qui concene le character design, on retrouve les codes Disney, parfois trop : qu’Elsa et Anna se ressemblent est logique puisqu’elles sont soeurs, mais on aurait aimé qu’elles soient plus éloignées du physique de Raiponce.
Une mention spéciale à la robe d’Elsa devenue Reine des Neiges, particulièrement soignée et collant très bien au rôle.

La Reine des Neiges

Un univers réussi

Sur le plan visuel, Disney livre un univers féérique aux inspirations nordiques (les stavkirke, ces églises nordiques en pin, ont manifestement fortement influencé l’architecture du château).
Reine des Neiges oblige, neige et glace sont fortement présentes. Les artistes ont beaucoup travaillé ces matériaux, et le résultat se sent : jeux de lumière avec oppositions entre bleus et roses, particules, fracturation, gelures, poudreuse… L’univers glacial d’Arendelle est une réussite visuelle.

La neige, avec sa gestion des traces de pas et de la poudreuse, fait penser aux essais réalisés par Pixar pour Rebelle – qui devait initialement comporter de la neige – avec OpenSubdiv. On pourra lire sur ce sujet l’article de FxGuide sur OpenSubdiv : la partie 4 revient sur l’aspect technique de cette simulation.

La Reine des Neiges

La Reine des Neiges

Des chansons à foison

Le film compte près de 10 intermèdes musicaux. Le couple Robert Lopez (The Book of Mormon) et Kristen Anderson-Lopez a coécrit les chansons ; tous deux avaient déjà travaillé sur Winnie L’Ourson en 2011.
Quelques chansons sortent du lot, notamment Let it Go, interprétée par Idina Menzel. Inversement, la chanson d’Olaf (qui rêve de découvrir l’été) est sympathique et drôle, mais sera rapidement oubliée.

La Reine des Neiges, succès annoncé ?

Une recette classique, l’aura de Disney, un univers féérique et un gros travail en lighting et animation, quelques chansons, une touche de modernité… Disney a concocté un film qui risque fort de faire mouche. Après une avalanche de suites et déclinaisons de concepts vus et revus (Cars, Cars 2, Turbo…), c’est de façon étonnante un concept classique qui nous amène enfin un peu d’originalité.
Chris Buck et Jennifer Lee revisitent en beauté le conte d’Andersen. L’expérience de Buck (qui avait déjà réalisé Tarzan) et la fraîcheur de Jennifer Lee, qui a participé à l’écriture du film après avoir déjà travaillé sur Les Mondes de Ralph en tant que scénariste, se complètent à merveille.

Notons au passage qu’en près d’un siècle d’animation Disney, Jennifer Lee est la première réalisatrice de long-métrages animés du studio. Vu le résultat et les personnages féminins (enfin) moins stéréotypés que nous ont proposé Les Mondes de Ralph et Frozen, on ne peut que se féliciter de sa promotion à ce poste.

Epique et drôle, Frozen devrait sans difficulté réussir à convaincre un large public.

Sortie française le 4 décembre 2013.

La Reine des Neiges
Visuels : Walt Disney Motion Pictures.

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