3DVF a pu assister en milieu de semaine à l’évènement de lancement de la suite CS6 d’Adobe ; l’occasion de découvrir plus en détails certaines nouveautés, mais aussi et surtout de mieux saisir la vision d’Adobe, en particulier pour le tout nouveau Creative Cloud (voir notre article du 23 avril).
Adobe, la tête dans les nuages
Clairement, le service Creative Cloud était pour Adobe LE point à retenir. S’il inaugure un nouveau mode de consommation (location de licence avec engagement au mois ou à l’année), il est aussi pour Adobe une nouvelle façon de travailler.
Les tablettes tactiles étant désormais dans de nombreux bureaux, il devenait nécessaire d’en tenir compte. Evidemment, il ne s’agit pas de proposer un Photoshop ou un Premiere Pro complet sur iPad : l’ergonomie et les performances ne suivraient pas. Pour l’éditeur, il s’agit plutôt d’intégrer les tablettes dans le flux de production aux endroits où elles seront les plus utiles, comme durant la phase de recherche du concept.
C’est ici que les applications pour tablettes d’Adobe trouvent tout leur potentiel.
Voici pour rappel les applications graphiques pour tablettes les plus marquantes déjà disponibles :
– Photoshop Touch, un Photoshop « light » adapté aux tablettes ;
– Adobe Ideas, sorte d’Illustrator allégé ;
– Adobe Kuler, pour créer et partager des nuanciers de couleurs ;
– Adobe Collage, pour réaliser des planches de tendances ;
– Adobe Proto, pour esquisser un site web.
Si, lors de leur lancement (votre notre article dédié, avec des vidéos) ces applications ont pu sembler « gadget », l’annonce du Creative Cloud permet de comprendre ce que l’éditeur avait en tête : un artiste peut ébaucher un design, faire une retouche basique sous Photoshop Touch avec calques et outils de base pour définir le projet. Celui-ci est ensuite synchronisé sur le cloud, et peut être envoyé à l’artiste chargé de réaliser la version finale. La tablette est là pour capturer une idée, le Mac ou le PC restant l’outil de production privilégié. Cela explique aussi qu’un dessin sous Adobe Ideas soit importable sous Illustrator en vectoriel, ou qu’une retouche Photoshop Touch conserve ses calques une fois importée dans Photoshop CS6. L’artiste a un brouillon de travail complet, et pas seulement un croquis sur le coin d’une serviette.
Autre possibilité, utiliser le cloud pour partager des fichiers avec un client, qui pourra avoir accès en permanence à la dernière version d’un projet.
Le Creative Cloud pour partager… Mais encore ?
On le voit, un axe majeur du Creative Cloud est, comme son nom l’indique, le stockage en ligne. 20Go sont prévus par défaut, mais il sera possible d’étendre cette capacité. La version d’essai 30 jours se limite à 2Go.
Le Cloud ne se limite toutefois pas à la synchronisation : à terme, Adobe lancera des communautés, qui devraient permettre aux utilisateurs d’échanger entre eux astuces et tutoriels.
Adobe propose également Typekit, une collection de polices de caractères, mais aussi Business Catalyst, destiné à permettre l’hébergement de sites web sur les serveurs d’Adobe.
Digital Publishing Suite, de son côté, est destinée aux petits studios ou freelance désireux de créer des contenus pour tablette : magazine électronique avec des contenus spécifiques, par exemple.
Et si je veux quitter les nuages et revenir sur Terre ?
Adobe a bien prévu les choses pour ses utilisateurs distraits (qui oublieraient, malgré les rappels, de renouveler leur licence) ou qui se lasseraient du cloud : après la fin de l’abonnement, 90 jours sont accordés pour récupérer toutes les données que vous avez en ligne.
La CS6 : quoi de neuf ?
Pour un aperçu complet des nouveautés de CS6, nous vous conseillons de vous rendre sur le site d’Adobe, qui a mis en ligne une série de vidéos mettant en avant les points fort de cette édition.
Voici toutefois une sélection, forcément subjective, des innovations qui nous ont semblé les plus marquantes :
– Pour Illustrator, l’arrivée du moteur graphique Mercury avec support du 64 bits devrait apporter un réel coup de fouet en termes de performances. L’interface a été entièrement revue pour coller à la nouvelle approche de la suite.
– InDesign, lui, conforte l’idée que les tablettes et supports en tous genres sont au coeur de la pensée des ingénieurs d’Adobe. En effet, le logiciel permet de gérer des versions spécifiques d’un même contenu pour différents supports : PC, iPad, ultraportable, Kindle, smartphone… Cela signifie par exemple qu’il sera possible de modifier un élément ou de corriger un texte dans la version « mère » et de répercuter facilement les changements dans les autres versions.
Mieux encore, le logiciel va de lui-même proposer des mises en page adaptées pour chaque support, en redisposant le texte et les visuels. Evidemment, tout n’est pas parfait, et il faudra ajuster les détails par la suite. Reste qu’une grosse majorité du travail est effectuée automatiquement : le gain de temps est indéniable.
– Flash, de son côté, semble se recentrer sur le jeu vidéo. Adobe a insisté sur l’accélération GPU, mais aussi sur quelques fonctions utiles comme la création automatique de spritesheets à partir d’une vidéo.
L’export Html5, lui, permettra par exemple de créer des animations compatibles avec les smartphones. Le poids sera grosso-modo identique que celui du fishier .swf original.
– Dreamweaver, comme InDesign, fait la part belle aux nouveaux supports et à l’adaptation aux écrans de tailles multiples : responsive design et fluid layout sont les mots clés de cette édition.
– Du côté de la vidéo, Premiere Pro repense entièrement son interface pour laisser plus de place aux contenus et supprimer les menus peu utilisés ; il est possible de configurer quels boutons sont visibles ou non dans l’interface, de quoi masquer les contrôles que l’utilisateur n’appelle que par des raccourcis clavier.
Le nouveau système de stabilisation vidéo semble très performant, et la correction du rolling shutter ravira les adeptes de vidéo sur réflex. Evidemment, il faudra tester en pratique ces outils pour mieux cerner leur puissance et leurs limites.
– After Effects est désormais accéléré par GPU, ce qui est évidemment la norme en 2012.
Un système de tracking caméra 3D est proposé, il permettra par exemple d’insérer un titre 3D dans la vidéo qui sera comme « inséré » dans la scène vidéo, comme s’il s’agissait d’un objet fixe dans la scène filmée. Intéressant, mais pas révolutionnaire.
– Photoshop, lui, a droit a des innovations intéressantes.
Les fonctions 3D de Photoshop Extended, qui avaient reçu un certain nombre de critiques, ont été repensées dans leur mode de fonctionnement, avec une interface plus intuitive. Par exemple, au lieu d’ajuster la source lumineuse créant l’ombre d’un titre manuellement, l’utilisateur peut faire les choses en sens inverse : cliquer-déplacer l’ombre, la source lumineuse s’adaptant automatiquement. Simple, mais très ingénieux, et sans doute plus intuitif pour un public qui n’a pas forcément l’expérience de logiciels 3D. On notera par ailleurs la possibilité d’éclairer un titre via Image-Based Lighting. En dehors de cela, les fonctions 3D de Photoshop (comme celles d’After Effects) restent rudimentaires.
En termes
de vidéo, Adobe a gâté les utilisateurs de la licence classique, qui ont droit aux fonctions vidéo autrefois réservées à la version extended.
Photoshop peut désormais redresser les déformations optiques présentes sur les vidéos, de la même manière qu’il est possible de le faire sur des photos. L’utilisateur indique quelques lignes rectilignes, des horizontales ou verticales, et en quelques clics la vidéo est corrigée. Une fonction qui pourra s’avérer très utile avec des vidéos issues d’une GoPro pour éviter un effet fisheye.
Questions diverses, question de prix
Après la présentation, nous avons posé quelques questions supplémentaires à Adobe France, à la fois sur la nouvelle offre, les innovations, et… Les écarts de prix que nous avions relevés entre les prix aux USA et en France.
– Pourquoi ne pas avoir d’ores et déjà inclut Lightroom dans le Creative Cloud ? Tout simplement, répond Adobe, parce qu’il faut laisser le temps nécessaire aux ingénieurs pour incorporer le module de gestion des licences à distance, qui sert au logiciel à vérifier une fois par mois que l’utilisateur est toujours abonné au Creative Cloud. C’est ce qui explique son absence lors du lancement – le 7 mai -, mais il sera bel et bien présent d’ici fin 2012.
– Adobe avait dévoilé courant 2011 ses travaux en correction de flou de bougé : pourquoi cet outil n’est finalement pas présent ? Là encore, répond Adobe, question de temps : cet outil n’est pas abandonné, mais l’équipe d’Adobe a jugé qu’il n’était pas assez finalisé pour être livré aux clients. Il devrait être disponible dans Photoshop d’ici 6 mois environ pour les utilisateurs du Cloud – car, en a profité pour souligner le représentant d’Adobe, c’est encore là un des intérêts de l’abonnement au Creative Cloud : bénéficier de mises à jour plus fréquentes qu’un utilisateur d’une licence classique, qui devrait se contenter par exemple ‘une CS5 puis d’une CS5.5 un an plus tard. Avec le cloud, rien n’empêche de proposer régulièrement des corrections et nouvelles fonctions.
– Enfin, nous avons abordé la différence de prix USA/France.
Pour le représentant d’Adobe, il y a tout d’abord, en effet, une différence historique, mais qui tend à diminuer. Il nous a aussi indiqué que le déploiement des logiciels et du cloud coûtait plus cher dans un pays européen qu’aux USA, bien plus vastes, qui permettent des économies d’échelle. Notons au passage qu’il estimait la différence de prix à 15-20% : un calcul optimiste puisque l’offre cloud est 24% plus chère en France, et Photoshop CS6 standard en anglais est à 699€ HT dans la boutique Adobe, contre 699$ aux USA, soit 30% de différence.
Reste que même si, selon Adobe, la différence historique tend à se réduire, l’éditeur précise que les coûts d’exécution resteront plus élevés en France. Inutile donc d’espérer avoir un tarif strictement identique dans les années à venir.
CS6 : To Cloud or not to Cloud
Au final, la CS6 possède des atouts qui justifieront une mise à jour pour bien des utilisateurs, mais faut-il pour autant passer au Cloud ? Impossible d’y répondre de manière générale.
Premier élément à prendre en compte, les finances : l’abonnement reviendra plus cher qu’une mise à jour de la Creative Suite tous les deux ans. Ceci étant dit, des services supplémentaires sont proposés, qui peuvent clairement justifier cette différence. Sans compter que le paiement au mois pourra être vu comme un gros atout par certains, par rapport à une coûteuse et brutale mise à jour.
Adobe a également évoqué la possibilité pour un utilisateur de répercuter l’abonnement au Creative Cloud sur son client final.
Toujours concernant les tarifs, les possesseurs d’une licence CS3 à CS5.5 peuvent bénéficier d’un tarif réduit sur le Creative Cloud : 30€ par mois la première année, mais l’offre n’est valable que jusqu’en août.
Plutôt que de vous apporter une réponse tranchée et absolue sur l’intérêt du Creative Cloud, nous ne pouvons que vous conseiller de dresser un bilan de vos besoins propres, selon la fréquence d’utilisation de vos logiciels, mais aussi selon l’utilisation que vous ferez du service. Adobe propose une période d’essai de 30 jours, tous services inclus mais avec seulement 2Go d’espace de stockage : n’hésitez donc pas à en profiter pour vous faire votre propre avis.
Rappelons aussi que l’éditeur propose également de l’abonnement au mois sans engagement : plus chère que l’abonnement avec engagement d’un an, cette offre peut cependant être un bon moyen de tester en profondeur le Creative Cloud durant quelques mois.
Pour les studios, il sera logique d’attendre quelques mois avant de s’engager, puisque l’offre « Team » du Creative Cloud, qui leur est destinée n’est pas encore disponible (la tarification n’a pas été précisée).
Enfin, n’hésitez évidemment pas à vous rapprocher de votre revendeur habituel, tel notre partenaire Progiss, pour plus de renseignements.
Pour plus de détails :
– Lancement de la CS6 et du Creative Cloud : 7 mai 2012
– FAQ Adobe sur le Creative Cloud.
– La playlist Youtube sur Photoshop CS6, mise en ligne par Adobe, donnera plus de détails sur les fonctiones évoquées plus haut, mais aussi sur le déplacement d’objets avec prise en compte du contexte (content-aware) ou les fonctions d’édition vidéo.
– La vidéo de lancement de la CS6 (évènement en anglais) détaille l’ensemble des points forts de cette mise à jour.