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Nostalgie : Total Recall, la motion capture fait (presque) ses débuts

La rubrique nostalgie revient, pour vous plonger comme toujours dans l’histoire de la 3D et de l’imagerie…

Total Recall

1990. Total Recall sort dans les salles obscures, mettant en scène un Arnold Schwarzenegger plongé dans un monde inspiré d’une nouvelle de Philip K. Dick. Le long-métrage utilise de nombreux effets visuels, et deux scènes en particulier marqueront les esprits : on y voit le passage d’Arnold devant un écran de contrôle de sécurité, qui donne une vue aux rayons X de l’acteur et d’autres protagonistes.

Total Recall

Ces scènes, en plus d’utiliser des effets visuels avancés pour l’époque, marquent également un tournant dans l’histoire du cinéma : il s’agit de la première tentative d’utilisation de motion capture pour un long-métrage.
Pourquoi « tentative » ? Tout simplement… Parce que ce fut un échec complet.
Revenons en arrière : Metrolight Studios, chargé de la réalisation des effets de ces plans, voulait utiliser la motion capture optique, une première au cinéma. Le but, capturer deux séquences distinctes : Arnold passant tranquillement avec des badauds devant le panneau, et une seconde scène au cours de laquelle il serait poursuivi par des gardes armés.

Total Recall

Un équipementier spécialisé fut engagé pour capturer les données et se charger du post-traitement. Jusqu’ici, aucun problème : une session de capture fut planifiée, le fabricant de matériel de motion capture ayant accepté d’envoyer sur place un opérateur qui aiderait l’équipe de tournage à utiliser le matériel.
Cité dans le livre Understanding Motion Capture for Computer Animation and Video Games, George Merket (VFX Producer pour la séquence) explique le déroulement des opérations :
Des réflecteurs furent installés sur Arnold Schwarzenegger, une quinzaine d’extras et un chien. Nous avons ensuite tourné la scène.

Les marqueurs furent placés selon les instructions de l’opérateur. Arnold eut droit à une séance de motion capture spécifique, puis ce fut au tour des gardes, deux par deux. Les passants, eux, furent parfois capturés jusqu’à dix à la fois, un nombre énorme et aujourd’hui encore ingérable.

Personne sur le plateau – en dehors de l’opérateur – ne connaissant vraiment la motion capture, il n’y avait pas de moyen de se rendre compte de quoi que ce soit en cas d’échec.
La séance arriva à son terme, l’opérateur repartit avec le système et… La société spécialisée ne put jamais fournir la moindre donnée utilisable à l’équipe de production. Pas une seule des séances de capture n’était utilisable, malgré l’envoi de différents intervenants auprès de la société de motion capture, qui préféra accuser l’équipe de plateau d’avoir mal utilisé le matériel (alors que son opérateur était justement sur place pour veiller à ce que cela n’arrive pas) plutôt que d’admettre un échec de leur part, qui aurait pu leur coûter un procès.

Échec ou non, Merket et son équipe devait tout de même fournir les plans VFX pour le film. Seule solution : utiliser les vidéos des séances de capture comme référence pour animer à la main les modèles. Un travail rendu particulièrement difficile par les conditions de prise de vue, puisqu’à l’époque la motion capture exigeait un environnement très peu éclairé pour fonctionner ; les marqueurs étaient visibles, mais quasiment pas les acteurs qui les portaient.
L’équipe réussit tout de même à s’en sortir, avec un grand succès : Tim McGovern, CGI director sur Total Recall, reçut un Oscar pour cette séquence.

Sources :
Understanding Motion Capture for Computer Animation and Video Games ;
MoCap for Artists: Workflow and Techniques for Motion Capture.

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