L’information était prévisible et anticipée : Kodak, légende de la photographie, vient de déposer le bilan. La société s’est placée sous la protection du chapitre 11 de la loi américaine sur les faillites ; la maison mère Eastman kodak et les filiales américaines sont toutes concernées.
Lancée il y a 131 ans, la société espère pouvoir se restructurer et se réorganiser pour ne pas sombrer totalement. Un prêt de 950 millions de dollars vient de lui être accordé par Citigroup, de quoi continuer les activités du géant durant cette transition.
Depuis 2007, Kodak n’a pas su faire de bénéfices, et sa valeur en bourse a été divisée par 10 en un an. La dette totale de groupe serait de 6,75 milliars de dollars, soit 1,7 milliards en plus que le total des actifs de la société.
Comme le souligne QuestionsPhoto, les effectifs de la société ont été décimés ces dernières années, avec 47 000 postes supprimés.
Kodak avait pourtant été un leader incontesté de la photo durant des années. Ironiquement, la société a été à la pointe de la révolution numérique qu’elle ne semble pas avoir su prendre : le premier appareil photo numérique, le fameux filtre de Bayer, le premier capteur dépassant le mégapixel sont tous issus de ses laboratoires de R&D.
Malheureusement, Canon et Nikon ont proposé des produits auxquels Kodak n’a pas su répondre, tout en restant attaché trop longtemps à l’argentique.
Difficile de savoir ce qu’il adviendra de Kodak ; ses deux seuls éléments de valeur, à l’heure actuelle, sont sans doute ses brevets… Et son nom, qui reste très populaire auprès du grand public.
Un des objectifs de Kodak sera de monétiser son juteux portefeuille de brevets, notamment via des procès lancés début janvier contre Apple et HTC, accusés de les violer (Kodak avait déjà remporté plus de 500 millions de dollars dans une situation similaire, face à Samsung). D’autres brevets seront sans doute vendus.
En attendant la restructuration, Kodak a lancé un site dédié à ce nouveau défi, Kodak Transforms. La société y promet que les affaires continueront, du service client au salaire des employés, et qu’elle ne baissera pas les bras.
Le géant semble décidé à ne pas rendre l’âme.