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Annecy 2019 : Locksmith Animation, un jeune studio ambitieux basé à Londres

Locksmith Animation

Fondé en 2014, le studio Locksmith Animation était jusqu’ici resté très discret sur ses activités. A l’occasion du Festival d’Annecy 2019, l’équipe a enfin parlé plus ouvertement.

Le studio a été fondée par Sarah Smith, dont les compétences vont de la réalisation (Mission: Noël – Les aventures de la famille Noël) à la production en passant par l’écriture, en compagnie de Julie Lockhart dont le parcours est davantage centré sur la production. Le duo avait déjà travaillé ensemble chez Aardman avant de se lancer dans l’aventure ambitieuse du lancement d’un studio.
Les deux co-présidentes ont en outre bénéficié de deux soutiens précieux : celui de la femme d’affaires Elisabeth Murdoch, mais aussi celui du studio DNEG. La présence de ce dernier peut surprendre : Double Negative est historiquement ancré dans le secteur des effets visuels. C’est néanmoins ce studio qui a mis en place le pipeline qui sera utilisé pour fabriquer les films d’animation.

Londonien de A à Z, Locksmith s’appuie donc sur un pipeline out-sourcé. Côté finances, Sarah Smith et Julie Lockhart n’ont pas caché leur volonté de profiter au maximum des crédits d’impôts disponibles outre-Manche, mais aussi de passer des accords de distribution avec de grosses entités qui pourront assurer un co-financement des projets. Enfin, l’objectif est de travailler sur des propriétés intellectuelles originales, avec des films a priori familliaux qui mêleront comédie et émotion, tout en faisant passer un message.

L’équipe du studio nous a d’ailleurs dévoilé le premier long-métrage animé de Locksmith : Ron’s Gone Wrong, réalisé par Jean-Philippe Vine (qui avait déjà oeuvré sur la série Shaun le Mouton) et coréalisé par Octavio Rodriguez (déjà passé par Pixar et DreamWorks).
S’il est encore trop tôt pour évoquer en détail le scénario, les deux réalisateurs nous ont présenté un aperçu technique et artistique du film, épaulés par le production designer Aurélien Predal, le superviseur VFX Philippe Denis, le directeur de la photographie David Peers, le Chief Technology Officer/Superviseur VFX Doug Ikeler, et directeur d’animation Eric Leighton et le directeur artistique Justin Hutchinson-Chatburn.

Outre quelques concept arts (que nous ne pouvons malheureusement pas vous montrer à ce stade), nous avons surtout pu entrevoir l’approche de travail au sein du studio. La volonté est de casser au maximum la linéarité habituelle d’un projet, de façon à améliorer productivité et la créativité des équipes.
Un exemple : une fois le design des personnages établi, quelques passes d’animation sont mises en place avec animateurs et voix ; les retours de cette expérience sont ensuite utilisés pour retravailler le design. Si cet aller-retour n’est pas forcément révolutionnaire, sa philosophie sous-tend tout le processus créatif. Aurélien Predal nous a ainsi présenté la création de la ville où se situe l’action de Ron’s Gone Wrong. Une fois le style visuel établi, un plan 2D fut mis en place. Au lieu de finaliser le travail, cette ébauche fut convertie en ville 3D, cette dernière pouvant être utilisée pour du repérage comme on le ferait sur un tournage en live-action, quitte à modifier certains lieux. Là encore, ces essais sont venus nourrir une seconde passe dans le département artistique. Sans surprise, la modélisation procédurale fut ici très utile pour travailler efficacement.
Toujours dans cette optique d’allers et retours volontaires, les intérieurs de bâtiments ne sont jamais validés à partir des seuls modèles. Une passe de lighting est systématiquement effectuée afin de vérifier que le look désiré pourra bien être mis en place.
La fin de la présentation fut assurée par Justin Hutchinson-Chatburn, qui nous a montré la manière dont il utilise la réalité virtuelle (et l’outil Gravity Sketch) au sein du studio. Tandis qu’il travaillait en direct sous nos yeux dans une scène 3D reprenant un quartier de Londres, le reste de l’équipe déversait un torrent de consignes : faire quelques captures d’écran depuis tel endroit pour du repérage, ajouter des câbles un peu plus loin, montrer rapidement ce que donnerait une animation centrée sur une portion de mur…  Le but était clairement de nous prouver que la réalité virtuelle permet d’expérimenter avec une vitesse insoupçonnée : mission accomplie haut la main.

Enthousiasme manifeste, volonté d’expérimenter, créativité : Sarah Smith, Julie Lockhart et le reste de l’équipe ont su nous montrer que Locksmith Animation a les capacités de ses ambitions. Ajoutons à cela un aperçu visuel séduisant concernant le futur film d’animation Ron’s Gone Wrong, et la mission fut accomplie : cette conférence nous a donné envie d’en voir davantage.
Rendez-vous, donc, lors du Festival d’Annecy 2020 pour en savoir plus. Rone’s Gone Wrong devrait sortir à l’automne de la même année.

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