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Annecy 2019 : LFA met en avant les réalisatrices en compétition

Annecy 2019
De gauche à droite : Eni Brandner, Anne Huynh, Chintis Lundgren (accompagnée du personnage principal de son court-métrage), Lisa Fukaya (et son traducteur), et enfin l’équipe de l’association Les Femmes s’Animent

A l’occasion du Festival d’Annecy, l’association Les Femmes s’Animent a une fois de plus organisé des petits déjeuners durant la semaine de l’évènement. Si le lieu avait changé (désormais au coeur du MIFA), le concept restait le même : une rencontre se voulant relativement informelle avec des femmes du milieu de l’animation.

Le mercredi 12 était centré sur des courts-métrages, avec des profils et thématiques très diversifiés.

Anne Huynh
Anne Huynh

Anne Huynh présentait cette année Mon Papi s’est Caché ; un concept qu’elle avait pitché en 2015 mais dont le financement a été plus long que prévu. Produit par Folimage, le court traite du deuil : un grand-père explique à son petit fils qu’il devra prendre soin de son jardin après son décès.
Une thématique difficile inspirée d’une expérience personnelle, mais qu’Anne Huynh a choisi de traiter en laissant un message positif.

La réalisatrice travaille d’ores et déjà sur d’autres projets, dont un concept de court-métrage mettant en scène un homme qui, ayant assisté à une exécution sous un régime, trouve un trésor dans le manteau d’une des victimes. La rédemption sera au coeur du film, a précisé Anne Huynh.

Chintis Lundgren a dévoilé durant le festival un projet radicalement différent. Son court de 15 minutes, Toomas dans la vallée des loups sauvages, en animation traditionnelle papier et crayon, met en scène un employé de bureau qui décide de devenir plombier-gigolo après avoir perdu son emploi, puis tentera de le cacher à sa famille.

Chintis Lundgren
Chintis Lundgren

En visionnant la bande-annonce ci-dessous, le style ne vous sera sans doute pas étranger si vous nous suivez régulièrement : en effet, les projets successifs de Chintis Lundgren reprennent le même univers. D’où la similarité graphique et thématique avec Manivald, que nous vous avions présenté en mai dernier. On pourra découvrir sur son site d’autres courts similaires.

Cet univers commun va même encore plus loin : à terme, Chintis Lundgren souhaiterait développer le tout sous forme de série, avec des épisodes de 10 à 20 minutes.

Toomas Beneath the Valley of the Wild Wolves – teaser from Chintis Lundgren on Vimeo.

Eni Brandner
Eni Brandner

L’artiste et réalisatrice Eni Brandner nous a brièvement parlé de Happiness Machine, une anthologie de courts-métrages traitant de l’avenir de la société. Son court-métrage, Pantopos, est fortement expérimental. Ce n’est pas un hasard : Eni Brandner nous a expliqué qu’en Autriche, les projets atypiques ont plus de facilité à obtenir des aides. Les évolutions des celles-ci ne sont cependant manifestement pas très faciles à gérer pour les artistes : si elle s’est surtout concentrée sur des projets personnels depuis la fin de la réalisation de son court, Eni Brandner a expliqué que son futur projet devra être pensé de manière à coller au maximum aux contraintes des futurs fonds de soutien, « s’ils existent encore ». Une tâche qui s’annonce difficile, mais qu’elle est déterminée à accomplir.

Happiness Machine – Trailer from Fabian&Fred on Vimeo.

Lisa Fukaya
Lisa Fukaya

La question du financement a aussi influencé la réalisatrice japonaise Lisa Fukaya. En effet, a-t-elle expliqué, ce point est déjà complexe dans l’industrie de l’animation japonaise en général ; pour les artistes indépendants et les femmes, la situation est encore plus difficile.
La solution qu’elle a trouvé fut de profiter du système de résidence de l’école The Animation Workshop, et donc réaliser son court-métrage au Danemark.

Le résultat de cette résidence est le court Mimi, distribué par Miyu et qui évoque la puberté : une jeune fille découvre qu’elle a un bouton pour la première fois. Un projet qui s’inspire de l’expérience personnelle de la réalisatrice par rapport à la puberté, et qui joue avec les métaphores (le film dresse des parallèles avec la métamorphose des insectes).

Forte de cette sélection à Annecy, Lisa Fukaya compte bien continuer à réaliser des courts-métrages. Mais avant, elle souhaite se perfectionner artistiquement en suivant des études en Europe, par exemple dans l’école La Poudrière en France.

MIMI trailer from Lisa Fukaya on Vimeo.

Au travers de ce Petit Déjeuner, l’association Les Femmes s’Animent est restée fidèle à son mode de sélection : des réalisatrices venues de pays très divers et abordant des thématiques particulièrement diversifiées. Deuil, puberté, réflexion expérimentale et employé modèle devenant gigolo : un foisonnement qui, à défaut de proposer un thème commun, prouve une fois de plus que l’animation ne rentre dans aucun cadre.
Les échanges souvent assez informels, mêlant tours de table et allers-retours entre les intervenantes et le public, ont par ailleurs fait émerger une thématique intéressante, celle du financement : la question de l’argent a très clairement un impact majeur sur les créations, qu’elle retarde certains projets, force des artistes à s’expatrier ou même qu’elle façonne directement la production animée issue d’un pays donné, les aides favorisant certains types de projet. Si cette influence n’est pas une surprise, il est toujours bon de rappeler que les artistes doivent la prendre en compte, et ne sont donc pas totalement libres.

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