Le studio Nekki était jusqu’ici connu en tant que développeur de jeux vidéo : on lui doit notamment la série Shadow Fight, sur mobile, pour laquelle l’entreprise revendique pas moins de 250 millions d’utilisateurs.
Néanmoins, Nekki ne compte pas se limiter à la production de jeux, et développe en parallèle son propre outil d’animation : Cascadeur.
Le pitch : la motion capture est un outil très utile pour animer des personnages dans des jeux ou des films, mais la technique reste limitée et complexe à mettre en oeuvre pour créer des séquences d’action : manque de contrôle, besoin de nettoyer et ré-animer les données, problèmes avec les personnages non-humanoïdes…
Nekki voit une alternative pour créer efficacement des mouvements réalistes : l’animation reposant sur la physique. Le studio explique que des outils de ce type existent déjà (Endorphin, Euphoria) mais que selon lui, « le contrôle des animateurs sur les résultats est encore pire qu’en motion capture ».
C’est ici qu’intervient Cascadeur, avec une triple promesse :
– la possibilité de créer des séquences d’action sans cascadeur humain ni motion capture ;
– la possibilité pour les artistes de contrôler poses, timings, paramètres du mouvement ;
– enfin, la possibilité de s’appuyer tout de même sur des données de motion capture, puis de les modifier sans perdre l’aspect physiquement correct.
Le logiciel a déjà été éprouvé en production : Nekki l’a utilisé dans le cadre de la série Shadow Fight, et notamment sa bande-annonce (visible plus bas). Le studio avance que le résultat est « au moins aussi bon » qu’avec de la motion capture tout en étant bien moins onéreux à produire qu’une vraie séquence chorégraphiée sur un plateau de capture.
Vous l’aurez compris, Cascadeur est à l’origine un outil maison, en développement depuis plus de 10 ans.
En coulisses, le principe de l’outil est assez simple : les animateurs contrôlent poses et trajectoires, et en parallèle des règles physiques sont appliquées sur le personnage dans son ensemble. Elles portent sur trois points principaux : le centre de masse du personnage et sa trajectoire, le moment angulaire de rotation, et enfin les points d’appuis et les forces de réaction liées à ces derniers.
Côté animateur, un contrôle poussé reste possible : par exemple, pour un saut, la courbe sera gérée automatiquement mais il reste possible d’ajuster hauteur, durée, distance et gravitation. De même, différents outils visuels permettent de visualiser et contrôler d’autres caractéristiques lors de l’animation, comme le moment angulaire.
Il est à noter que les règles physiques peuvent tout à fait ne pas être respectées. Dans un tel cas, un système de « red sector » permet de visualiser directement à l’écran l’écart entre la pose mise en place par l’animateur et ce que le logiciel considère comme la pose physiquement correcte.
Pour le reste, Cascadeur propose évidemment des fonctions classiques : gestion du rig, affichage des trajectoires, système de pelure d’oignon pour afficher les frames proches de celle en cours de contrôle.
Nekki précise avoir des ambitions pour améliorer son produit : l’éditeur évoque l’utilisation du deep learning pour générer un système d’aide/suggestions sur les choix d’animation.
Cascadeur est disponible en beta fermée. Ses développeurs nous indiquent vouloir proposer un outil multiplateformes : ils travaillent actuellement sur des versions Windows et Linux, mais Mac OS sera aussi supporté à terme.
Enfin, en ce qui concerne le modèle économique, il n’est pas encore déterminé avec certitude. Pour l’heure, la beta est non commerciale, et Nekki proposera du support aux entreprises intéressées. A terme, Cascadeur sera probablement proposé en deux versions : la première gratuite pour les projets à but non lucratif et les indépendants, la seconde pour les studios avec, sans doute, un système de souscription.
Nekki insiste cependant sur le fait que ces choix ne sont pas encore figés.
