Du 14 au 16 novembre se tenaient à Angoulême l’édition 2018 des Rencontres Animation Développement Innovation (RADI) et des Rencontres Animation Formation (RAF).
Pour rappel, ces rencontres annuelles permettent notamment de faire le lien entre formations et industrie, de soulever les tendances du secteur, ou encore de proposer retours d’expériences et bonnes pratiques.
L’évènement vient de publier le bilan de cette édition, que nous vous proposons de découvrir ci-dessous. Notez également que des comptes-rendus détaillés seront publiées prochainement sur le site officiel, comme chaque année.
RADI – RAF 2018
Un événement majeur pour l’animation
Plus de 340 professionnels de l’animation ont participé pendant trois jours aux Rencontres Animation Développement Innovation (RADI) et aux Rencontres Animation Formation (RAF) qui fêtaient leurs 10 ans. Véritables lieux d’échanges, ces événements ont permis de faire le point sur les réformes à venir dans un contexte concurrentiel où la productivité est le maître-mot.
Angoulême, le 20 novembre 2018 – La 10e édition des Rencontres Animation Formation (RAF) s’est déroulée à Angoulême les 15 et 16 novembre 2018. Depuis quatre ans, ces journées sont précédées par les Rencontres Animation Développement Innovation (RADI) qui se sont déroulées le 14 novembre 2018. Organisées par le Pôle Image Magelis, ces deux manifestations sont soutenues par le CNC, le SPFA, la CPNEF Audiovisuel, l’AFDAS, AUDIENS et la FICAM.
Elaboré par René Broca, dont c’était la dernière édition, le programme éditorial des deux manifestations a pour objectif de mettre en lumière les enjeux de la filière Animation autour de problématiques de formation mais également sociales ou technologiques.
RADI 2018 : une réflexion sur les logiques et stratégies de fabrication
Cette journée, centrée sur les aspects techniques du pipeline de production, rencontre un intérêt croissant de la part des studios et des écoles de cinéma d’animation.
Conçues pour être un lieu de rencontres entre les développeurs de toutes origines et les studios, les RADI mettent en avant les logiques et stratégies de fabrication des studios. Dans un contexte de recherche de productivité, une telle réflexion est fondamentale pour garantir le succès d’une production.
Plusieurs studios ont ainsi présenté leurs points de vue. CUBE emprunte à la méthode Agile par un travail itératif qui place le graphiste au centre du projet. Fortiche Prod mise sur une flexibilité émanant du département R&D et non des graphistes. Le studio 2 Minutes a mis sur pied plusieurs cycles de R&D avec des outils spécifiques à une production, des outils métiers utilisés dans plusieurs productions et des outils dits « fondamentaux » présents dans tous les projets. 2 Minutes s’est également associé au laboratoire de recherche ETIS (Equipes Traitement de l’Information et Systèmes) pour développer Bio-Anim, un ensemble d’outils visant à accroître la productivité.
Autres sujets récurrents des RADI, la structuration des pipelines de production et, conséquemment, la place primordiale des TDs ont fait l’objet de plusieurs tables rondes. Suite à des échanges menés lors de l’édition 2017, la CPNEF Audiovisuel a ainsi réalisé une étude sur ce métier qui a conduit à la création d’un CQP Expert Technique en alternance s’appuyant sur une Action de Formation En Situation de Travail (AFEST). L’objectif du CQP est de donner aux studios l’assurance que les futurs diplômés de ce certificat auront le même socle de compétences du métier de TD.
En parallèle, un collectif de TD a créé le site www.lepipeline.org qui se veut un lieu de partage d’informations, de bonnes pratiques et de réflexions autour de ce métier. La mise en place d’un pipeline de production, selon le collectif, permet d’avoir un suivi et une traçabilité des projets, une automatisation de certaines tâches sans réelle valeur ajoutée artistique et une assurance qualité de toute la chaîne de fabrication.
L’intégration du logiciel open source Blender ou du moteur temps réel Unity dans les studios sur des productions de séries TV renforce l’idée d’une innovation au service de la création. C’est tout l’enjeu des RADI.
RAF 2018 : l’animation française entre satisfaction et inquiétude
Comme chaque année, le CNC et le SPFA ont communiqué sur tous les grands indicateurs du secteur (production, audience, exportation, etc.) permettant d’ouvrir les débats des Rencontres.
En préambule, il a été souligné les effets positifs des crédits d’impôt (audiovisuel, cinéma et international) : en deux ans, les dépenses de production d’animation en France ont augmenté de 183 M€, avec une forte relocalisation de la fabrication des oeuvres. Ainsi, en 2003, 47,1% des oeuvres étaient conçues pour tout ou partie à l’étranger ; cela ne concernait plus que 15,6% du total en 2017. Cette relocalisation a naturellement un impact sur l’emploi, avec un accroissement de la masse salariale, des effectifs et du nombre d’entreprises comme l’a expliqué AUDIENS. En 2017, la masse salariale était de 171 M€ avec une croissance de 10% du nombre de CDI et de 17% du nombre de CDDU sur les 7 200 personnes déclarées.
Le CNC et le SPFA ont également souligné la bonne tenue des exportations en 2017 avec des sommes « jamais atteintes en valeur ». L’arrivée de nouvelles plates-formes a accru la demande de programmes – frais et de catalogue – tout comme la demande d’oeuvres issue de nouveaux territoires.
A contrario, les professionnels du secteur de l’animation ont exprimé leurs réserves et leurs craintes suite à la décision de supprimer France 4 en linéaire au profit d’une nouvelle offre numérique sur Internet : « Il s’agit d’une perte monumentale en matière d’exposition », a précise Stéphane Le Bars, délégué général du SPFA. « Cela ne sera pas sans répercussion sur le secteur. »
L’objectif prévu de réduction du nombre de branches professionnelles de 700 à 200 branches d’ici 2019, souhaitée par les pouvoirs publics, a été au centre d’une table ronde avec les représentants des organismes syndicaux. La nécessaire négociation entre des branches aux activités différentes visant à la mise à plat d’une convention collective unique risque de modifier celle actuellement en vigueur dans le secteur de l’animation.
L’AFDAS a présenté les grandes lignes de la réforme de la formation professionnelle et de l’apprentissage et ses conséquences sur le périmètre d’action des opérateurs de compétences, l’application de la réforme de la formation et les modalités de transition d’un système à un autre.
A la suite d’un souhait exprimé par les professionnels aux RAF 2017, une étude sur l’identification des besoins en compétence et en formation des studios a été menée de février à juin 2018. Les conclusions font état de difficultés de recrutement majeures dans les trois prochaines années. L’étude distingue les métiers en tension du fait du volume de personnes à recruter (animateurs 2D et 3D, lead, etc.) et des métiers en tension du fait du facteur stratégique dans le workflow (R&D, TD, rigger, storyboarder et VFX…). Plusieurs initiatives visant à répondre à ces tensions ont été évoquées : création de certification axée développement/programmation, enquête annuelle sur les besoins en main-d’oeuvre des studios, programme de Préparation Opérationnelle à l’Emploi (POE) porté par l’AFDAS tout comme la création d’une offre de formation courte au management.
Enfin, le CNC a choisi les RAF pour expliquer précisément les modalités du nouveau Plan Animation Long métrage doté d’une enveloppe de 2,5 M€ qui sera opérationnel à compter du 1er janvier 2019. Ce plan qui mobilise plusieurs directions du CNC (Audiovisuel, Cinéma, International, Innovation Vidéo et Industries Techniques) mettra l’accent sur les spécificités du long métrage d’animation avec des soutiens en amont et en aval de la production de long métrage ainsi que lors de la phase de fabrication.
En dix éditions, les RAF ont permis la création spontanée de groupes de travail autour de nouveaux métiers, la réalisation de plusieurs études sectorielles sur des problématiques de formation et d’emploi. Plus que jamais, les RAF s’imposent comme un rendez-vous majeur du secteur de l’animation autour des enjeux de formation et d’emploi.