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Eugen Systems : un mois de grève et intervention d’un député

Eugen Systems
Visuel employé par Eugen Systems le 13 février lors de la mise à jour de son titre Steel Division – Normandy 44

Nous avons eu à plusieurs reprises l’occasion d’évoquer la situation au sein du studio de jeux vidéo Eugen Systems : mi février, 21 employés avaient lancé une grève et publié un communiqué sur leurs revendications, accusant la direction de ne pas respecter le code du travail. La direction avait rapidement réagi, niant l’ensemble des griefs : dans la foulée, les grévistes avaient à nouveau communiqué sur leurs revendications et affirmé une fois encore que la direction ne respectait pas la loi (primes non versées, temps de travail non respecté, minima de la convention collective non appliqués…).

Rappelons qu’il s’agit d’un cas rarissime dans le secteur du jeu vidéo français, où les grèves sont pour ainsi dire inexistantes. Autre fait notable : l’implication du jeune STJV (Syndicat des Travailleurs et Travailleuses du Jeu Vidéo), qui soutient les salairés. La norme dans le secteur est plutôt l’absence d’organisation syndicale.

A l’heure actuelle, les grévistes poursuivent leur mouvement.  Leur dernier communiqué remonte au 9 mars : ils expliquent que la direction les a reçus en présence de l’inspecteur du travail, et évoquent leur « méfiance » concernant un projet de nouvelle grille de classifications. Les grévistes évoquent l’hypothèse que « la direction tente encore de gagner du temps« , et sans surprise, ne parlent pas d’arrêt du mouvement.
En parallèle, la caisse de grève ouverte en soutien aux grévistes avoisine désormais les 8400€.

Autre rebondissement : l’affaire est remontée… jusqu’aux questions au gouvernement. Sébastien Leclerc, député LR du Calvados, a posé une question sur la grève à la Ministre du Travail, Muriel Pénicaud.
Pour Sébastien Leclerc, « La grève qui a débuté le 14 février 2018 au sein de l’entreprise Eugen Systems semble, sous couvert de revendications liées à leur condition salariale, motivée par un positionnement politique de ces grévistes ». Il insiste sur les liens entre le STJV et des membres actuels ou passés du studio de jeux vidéo. Plus loin, il considère que le STJV pourrait être qualifié de « parti politique anarchiste », que son objet « semble éloigné de celui des syndicats réformateurs qui fonctionnent normalement dans une majorité des entreprises de notre pays ». Les propos sont pour le moins surprenants, puisque ce sont précisément des réformes qui sont réclamées par les grévistes.
Le point le plus étonnant se situe en fait ailleurs : comme le soulignent Le Monde et Mediapart, Sébastien Leclerc siège au sein du conseil départemental du Calvados aux côtés de Virginie Le Dressay, qui fait partie comme lui de la majorité de droite dans ce conseil et l’a soutenu durant sa campagne aux dernières législatives. Et il se trouve que le mari de Virginie Le Dressay n’est autre que le PDG d’Eugen Systems, Cédric Le Dressay.
Un lien qui, on l’imagine, a pu influencer la perception qu’a le député de l’affaire.

Nous ne manquerons évidemment pas de suivre la suite de ce conflit social.

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