Comme chaque semaine, nous vous proposons une nouvelle plongée dans le passé de la 3D, des effets visuels et des thématiques associées.
1980. L’Empire Contre-Attaque sort en salles, avec des effets visuels à la pointe de ce qui se faisait à l’époque. Matte painting à l’ancienne et maquettes et sont massivement utilisés pour les scènes les plus spectaculaires.
Les séquences en stop-motion ont leur charme, mais leur procédé souffre d’un défaut lié à son origine : puisque les clichés successifs sont statiques, il n’y a pas de flou de mouvement. La conséquence, un rendu haché, peu naturel. C’est cette méthode qui sera utilisée lors du tournage de la Guerre des Etoiles.
Pour le second film de la trilogie originale Starwars, Phil Tippett et ILM vont mettre en place un système visant à éliminer ce défaut : le go-motion. L’idée ? Reproduire le flou de mouvement (motion blur), tout simplement en recréant du mouvement durant la prise de vue.
Les premiers pas visant à reproduire un effet de flou en stop-motion furent assez sommaires : donner un coup dans la table sur laquelle repose la maquette, juste avant la prise de vue d’une image et sans tout faire tomber, ou bouger la table, mais aussi utiliser de la vaseline appliquée sur la lentille de l’objectif (effet utilisé sur Terminator, et qui nécessite de tout nettoyer/réappliquer à chaque prise).
L’Empire Contre-Attaque sera l’occasion de développer un système plus efficace et plus complexe : les maquettes sont dirigées à l’aide de tiges reliées à des moteurs, qui sont gérées informatiquement. Le système permet d’enregistrer les mouvement créés par les animateurs.
Une fois le plan enregistré, l’ordinateur va rejouer la scène et diriger les modèles sans intervention des artistes, en mouvement. La caméra peut alors saisir un véritable flou de bougé.
Les séquences des AT-AT (quadripodes impériaux) et des taunstauns furent créées avec ce procédé.
La méthode fut par la suite réutilisée sur d’autres films, comme Willow, les trois premiers Indiana Jones, E.T. ou Robocop. Jurassic Park aurait pu l’utiliser, mais la décision de Spielberg de se tourner vers la 3D, après avoir vu les premiers essais réalisés par ILM, aura les conséquences que l’on sait sur l’avenir des effets visuels.
Installation de go-motion utilisé par Tippett et son équipe sur le tournage de DragonSlayer (1981). Photo tirée d’une série disponible sur StopMotionWorks.