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Annecy 2017 : Kristine Belson évoque la réforme et l’avenir de Sony Pictures Animation

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Kristine Belson, Présidente de Sony Pictures Animation, nous a proposé lors du festival d’Annecy une plongée au sein du studio.
L’occasion de revenir sur les changements majeurs qu’elle a mis en place depuis son arrivée en 2015, mais aussi d’évoquer les prochains longs-métrages en préparation.

L’exercice était atypique : d’un côté, Kristine Belson faisait preuve d’une certaine franchise, n’hésitant pas à aborder frontalement les échecs du groupe. De l’autre, les propos étaient manifestement soigneusement choisis : l’utilisation d’un prompteur (chose rarissime à Annecy) en est révélatrice, de même que le timing très précis du discours.
Quoiqu’il en soit, la conférence et la séance de questions qui a suivi (modérée par Peter Debruge de Variety) ont permis d’apprendre de nombreux éléments.

Retour sur le parcours de Kristine Belson

Kristine Belson a débuté sa présentation par un retour sur son parcours personnel. Fille d’un père auteur de comédie et d’une mère journaliste suédoise, c’est cette dernière qu’elle suivra suite à la séparation du couple. Elle sera amenée à déménager et à vivre dans différents pays : Suède, Maroc, Espagne, USA…
Kristine Belson nous a confié avoir été une enfant timide, souvent plongée dans ses livres : peut-être, souligne-t-elle, la source de sa passion pour le développement d’histoires. L’animation, en revanche, ne l’intéressera qu’assez tardivement.

Son parcours professionnel l’a amenée à être embauchée chez Henson, puis chez DreamWorks Animation. Là, elle travaillera sur Les Croods en tant que productrice, mais le projet sera mis en pause : elle fera alors un détour en tant que productrice exécutive sur Dragons, le projet connaissant alors divers problèmes de développement.
Par la suite, elle planchera sur Les Croods 2, projet annulé fin 2016, et Everest prévu pour l’automne 2019 ; nous avions déjà eu l’occasion de l’évoquer.

Elle sera alors approchée par Sony Pictures Animation : une opportunité qu’elle refuse tout d’abord, par peur du changement mais aussi parce qu’elle était très impliquée dans les deux projets cités plus haut.
Finalement, elle changera d’avis : en 2015 Kristine Belson devient présidente du groupe Sony Pictures Animation.

Les débuts se passent assez mal : 10 jours après son arrivée, Amy Pascal, co-présidente de Sony Pictures Entertainement, démissionne brutalement, comme nous l’avions indiqué à l’époque ; en pratique, Amy Pascal précisera plus tard que cette démission était un renvoi. Or, Amy Pascal était justement une amie de Belson, et la personne qui venait de la recruter.
Malgré tout, avance Kristine Belson, les choses s’arrangent rapidement. Tom Rothman, qui reprend le poste d’Amy Pascal, lui laisse le champ libre pour agir. Une politique qu’elle a d’ailleurs adopté par la suite chez Sony : au contraire d’autres entités (on pense évidemment à Pixar), elle souhaite éviter toute microgestion.

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Quelle identité, quels objectifs pour Sony Pictures Animation ?

Mettre en place un plan d’action nécessite d’abord que le studio se trouve une identité. Celle-ci se formera en creux : Sony Pictures Animation, souligne Kristine Belson, n’est ni Disney, ni Illumination, ni DreamWorks, tout simplement car Sony n’a pas le même succès.
Son objectif sera alors de transformer cette identité en force : puisque le studio n’a pas d’image établie, il n’a pas de passif auquel se conformer, et n’a donc pas à respecter de règles.

Kristine Belson a par ailleurs précisé quatre points qui constituent en quelque sorte la mission du studio :
– des histoires simples, traitées avec ambition ;
– de l’humour, mais sans négliger l’émotion ;
– transporter le public ;
– un bon planning.

Cette philosophie se retrouve assez nettement dans les prochains projets du studio :
Le Monde secret des Emojis, prévu pour cet été et qui, confie Belson, a été validé avec empressement. Le studio voulait manifestement être le premier à faire ce pari, et souhaitait sans doute aussi éviter que le concept ne soit plus dans l’air du temps.

– le film d’animation suivant, The Star, est prévu pour la fin de l’année et mettra en scène la nativité du point de vue des animaux. Un concept qui, de l’aveu même de Belson, semble plus proche du gimmick destiné à rentabiliser les fêtes de fin d’année. Il se destinera à un public chrétien.
Sous l’impulsion de Tom Rothman, le projet a été rapidement acheté et la production lancée dans la foulée.

Hôtel Transylvanie 3, prévu pour l’été 2018, verra revenir sur grand écran la célèbre licence.

– La fin de l’année 2018 sera l’occasion de découvrir Miles Morales, un projet centré sur la licence Spider-man, mais en animation. Belson évoque ici un pipeline entièrement repensé et un look qui n’aura rien à voir avec celui des autres films, inspiré du style comics. 

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Des projets très divers, donc, qui empêcheront sans doute le studio de se créer une image de marque, faute de réel fil conducteur et de style visuel constant. Néanmoins, Kristine Belson considère que les films eux-mêmes sont finalement leurs propres marques, à l’image de la licence Hôtel Transylvanie.

Kristine Belson a également évoqué des projets passés, comme Les Schtroumpfs et le Village perdu. Il a connu un échec relatif : près de 200 millions de dollars de recettes pour un budget de production de 60 millions, ce qui est en soi positif mais loin de la rentabilité espérée.
Pour Belson, ce semi-échec s’explique par une date de sortie mal pensée, qui a placé le film en compétition frontale avec de trop nombreux concurrents. En particulier, elle avoue que Sony a sous-estimé Baby Boss, des studios DreamWorks (près de 500 millions de dollars de recettes).
Le long-métrage ne pouvait par ailleurs pas être décalé, en raison de contrats avec différents partenaires. Au final, Kristine Belson évoque un projet qui « fait mal et fera toujours mal », et qui aurait selon elle mérité un plus grand succès.

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2019, et au-delà

Kristine Belson nous a également donné l’occasion d’entrevoir des projets à plus long terme. Alors que les années 2017-2018 sont marquées par des projets au calendrier très serré, à partir de 2019 le studio devrait avoir plus de temps pour travailler.
2019 pourrait même être vide de sortie, signe que le rythme jusqu’ici effréné est modifié.

A partir de 2020, le studio proposera à la fois des projets originaux et des suites. S’il est encore trop tôt pour connaître les titres de certains projets, nous avons pu en recueillir les synopsis :

– un road trip en famille durant le soulèvement des machines;

– l’histoire de la première relation homme/chien, durant la préhistoire ;

– un projet entre action et comédie avec un super-héros qui devra s’occuper de l’enfant de son adversaire de toujours ;

Vivo, une comédie musicale à propos d’un singe passionné de musique, qui se situera entre La Havane et Miami ;

Médusa, comédie musicale autour du personnage mythologique. La réalisatrice Lauren Faust ne fait plus partie du projet depuis fin 2015, mais le film est donc toujours à l’ordre du jour.

Kristine Belson n’a pas manqué de souligner que sur ces 5 films, 4 sont dirigés par des réalisateurs débutants. Il s’agit ici d’une prise de risque volontaire de la part de Sony, mais aussi d’une opportunité liée aux autres studios : chez Disney/Pixar, de nombreux talents veulent se lancer dans la réalisation, mais le ryhtme de production et les réalisateurs déjà en place font qu’ils n’auront pas la possibilité de monter en grade avant de nombreuses années. Conséquence : d’apprentis réalisateurs claquent la porte, et Sony en profite pour les recruter.

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Sony Pictures Animation : avenir, défis et limites

En ce qui concerne les évolutions actuelles du secteur, Belson a évoqué les nouveaux modes de distribution et une volonté forte de ne pas s’accrocher au modèle classique. Elle souhaite que Sony Pictures Animation soit un pionnier sur ce point, et a notamment évoqué une « alt content slate » : des projets qui pourraient sortir au cinéma mais aussi directement en vidéo, par exemple chez Netflix ou Amazon. Un point d’ailleurs étonnant puisque Sony dispose de ses propres canaux de distribution : là encore, souligne Belson, le studio ne se fixe pas de règle.
Concrètement, cette « alt content slate » sera composée de projets très divers, y compris des concepts destinés à un public adulte (Sony n’a pas manqué de remarquer le succès de Sausage Party).

La présidente du studio est également revenue sur différentes évolutions internes.
– Tout d’abord, l’équipe a explosé depuis 2015, et est passée de 80 à 300 employés environ. Un essor qui s’est apparemment bien déroulé, malgré des défis très concrets sur la gestion des salaires et l’administratif.
– Elle a par ailleurs abordé le fait que les équipes travaillent énormément, et même trop : la balance travail/vie privée devra être rééquilibrée.
– Autre point à revoir : la diversité, notamment du côté des réalisateurs très majoritairement masculins.
– Enfin, elle a évoqué la compétition entre studios et la question du marketing. Des défis cruciaux pour un studio qui n’est finalement pas si grand, et qui fait face à un marché saturé.

Au final, la présentation a été riche en informations, malgré l’aspect très contrôlé que nous évoquions en introduction. La recette de Sony Pictures Animation détonne par certains points, notamment quand Kristine Belson insiste sur la volonté de lancer rapidement les projets, sans forcément attendre que l’histoire soit totalement finalisée. Une approche évidemment risquée, ou qui peut aboutir à des succès au box-office mais au détriment d’histoires riches.
Le studio semble en tous cas avoir des projets très variés en préparation, et il sera intéressant de suivre les succès ou échecs de la stratégie mise en oeuvre par Kristine Belson.

Cette dernière a d’ailleurs indiqué qu’elle comptait revenir à Annecy les années à venir : nous aurons donc l’occasion d’évoquer à nouveau son travail et les projets de Sony Pictures Animation.

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